Les pathologies cardiovasculaires, le diabète ou le cancer sont des causes de morbi-mortalité majeures dans nos sociétés actuelles. Ces pathologies peuvent au moins partiellement être prévenues par une alimentation saine et équilibrée. L’instauration d’une alimentation saine commence dès la diversification du nourrisson et lorsque l’enfant adopte peu à peu les habitudes alimentaires familiales. Luque et al. se sont intéressés à cette thématique et ont étudié les régimes adoptés à différents âges de la vie de l’enfant dans cinq pays européens : l’Allemagne, la Belgique, l’Italie, la Pologne et l’Espagne et les facteurs prédictifs d’adhérence à un régime alimentaire à 2 et 8 ans.
633 enfants inclus âgés de 1 à 8 ans
Les parents des enfants recrutés dans le cadre du projet européen EU Childhood Obesity project (EU CHOP) ont été sollicités annuellement de 1 à 8 ans pour un questionnaire alimentaire sur 3 jours. Seuls les enfants qui n’étaient pas allaités ont été retenus pour l’analyse car les quantités de lait de mère bues ne pouvaient pas être quantifiées. Au total, 633 enfants ont été inclus dans l’analyse.
À l’âge de 1 an, deux types majeurs de régime ont été identifiés.
Le premier régime « de base » comprenait essentiellement des légumes, pommes de terre, poisson, huile d’olive, viande blanche et rouge et peu de produits tout faits, jus de fruits, confiseries, etc.
Le deuxième régime majeur riche en « mauvaises graisses et sucres » se caractérisait par un excès de graisses saturées (beurre), de sucres ajoutés, de gâteaux/biscuits et sucreries et un défaut de « bonnes » graisses comme l’huile d’olive ou le poisson.
Chez l’enfant à partir de 2 ans, en plus des deux régimes décrits à 1 an, se dégageait un troisième type de régime majeur « riche en protéines » avec consommation importante de produits laitiers, de poisson, œufs, viande, pommes de terre, huile d’olive et pauvre en fruits frais.
Résultats de l’étude : les bonnes habitudes commencent tôt…
L’analyse dans le temps a montré que les enfants qui avaient à 8 ans un régime « de base », le plus bénéfique pour la santé, étaient essentiellement ceux qui avaient un régime « de base » à 2 ans (ainsi qu’un niveau d’éducation maternelle élevé).
Il en était de même pour ceux qui avaient un régime déséquilibré en faveur des graisses et sucres à 8 ans, qui étaient surtout ceux qui avaient déjà un régime de ce type à 2 ans.
D’autres facteurs comme le fait d’être un deuxième né ou le pays d’origine étaient à risque de régime délétère à 8 ans.
Concernant le troisième type de régime, trop riche en protéines, à 8 ans, il n’était pas associé au régime proposé à 2 ans, mais au niveau d’éducation (élevé) et inversement proportionnel au fait d’avoir un parent né dans un pays différent du pays de l’étude.
Encourager l’équilibre alimentaire
Cette étude longitudinale européenne souligne l’importance d’un régime alimentaire de qualité et bénéfique pour la santé dès les premiers mois de vie. Encourager la mise en place d’une alimentation riche en fruits et légumes, pauvre en sucres ajoutés et en graisses saturées aura une influence à long terme sur le comportement et l’appétence des enfants pour ces types d’aliments. La qualité de l’alimentation dans l’enfance a été associée au risque d’obésité ultérieure et aux syndromes métaboliques associés. Ces résultats renforcent des résultats similaires dans des travaux précédents. Le régime fast food correspondant ici au régime riche en « mauvaises graisses et sucres » est celui qui se poursuit le plus dans le temps entre la période nourrisson et la période enfant. Cela souligne l’importance d’une prévention accrue les 2 et 3 premières années de vie de l’enfant pour promouvoir une alimentation dite « saine et équilibrée » (cf. article norme).
Références
Luque V, Escribano J, Closa-Monasterolo R, Zaragoza-Jordana M, Ferré N, Grote V, Koletzko B, Totzauer M, Verduci E, ReDionigi A, Gruszfeld D, Socha P, Rousseaux D, Moretti M, Oddy , Ambrosini GL. Unhealthy Dietary Patterns Established in Infancy Track to Mid-Childhood: The EU Childhood Obesity Project. J Nutr 2018 ; 148 : 752-9.