Diversification Revue #16

Une étude récente chez plus d’une centaine de médecins et pédiatres a indiqué que les répondants, y compris les internes en formation, ne suivent que partiellement les recommandations françaises pour la diversification alimentaire du nourrisson.

L’ESPGHAN vient de faire le point sur cette période et rappelle que la diversification est une étape de transition très importante pour un nourrisson tant sur le plan nutritionnel que sur le plan développemental. Il va passer d’une alimentation liquide à base de lait à une alimentation solide diversifiée. Il va découvrir et expérimenter une nouvelle façon de manger, de nouvelles textures, de nouveaux goûts. Les apports lactés sont encore indispensables pour accompagner la croissance très rapide du nourrisson et son développement psychomoteur mais au fur et à mesure de l’introduction de nouveaux aliments et de repas « solides », la quantité de lait maternel ou de préparations infantiles va diminuer tout en restant un élément très important de l’alimentation du jeune enfant. L’accompagner au mieux dans cette transition est fondamental.

Quand ?

Les recommandations actuelles sont de ne pas débuter avant l’âge de 4 mois et pas après 6 mois. L’allaitement exclusif jusqu’à 4 mois révolus et majoritaire jusqu’à au moins 6 mois doit être privilégié. Après la diversification, l’allaitement doit pouvoir se poursuivre. Si la maman ne veut pas ou ne souhaite pas allaiter, une formule infantile est indispensable, le lait de vache n’étant pas adapté aux besoins des enfants avant 12 mois.

Quels aliments proposer ?

Les habitudes alimentaires et de diversification dépendent des traditions et des habitudes des populations. Les nourrissons doivent avoir accès à des aliments variés en termes de goût et de texture, et les aliments riches en fer (viande, aliments enrichis) doivent faire partie intégrante de l’alimentation du nourrisson.
Le gluten peut être introduit entre 4 et 12 mois, en évitant des apports trop conséquents pendant les premières semaines d’introduction.
Concernant les nourrissons à haut risque d’allergie aux cacahuètes (allergiques aux œufs, eczéma sévère), celles-ci peuvent être introduites en augmentant progressivement les quantités entre 4 et 11 mois, après accord d’un professionnel averti. Il faut éviter les formes entières de cacahuète pour éviter les fausses routes, exemple : beurre de cacahuète doux au lieu de la cacahuète brute.
L’introduction précoce (entre 4 et 6 mois) de l’œuf et du poisson est recommandée.

Sous quelle forme introduire les aliments ?

Les textures proposées à l’enfant doivent être adaptées à son âge. D’abord les textures sont très lisses, puis de petits morceaux fondants sont introduits à 8-10 mois au plus tard. L’enfant doit être encouragé à manger la nourriture avec les doigts puis à manger seul à la cuillère.
À 12 mois, il est préférable de proposer de boire au verre plutôt qu’au biberon.
Les produits faits maison peuvent être proposés à l’enfant en veillant à la qualité des matières premières et aux doses introduites, sinon, des produits spécifiques bébé tout-prêts sont disponibles sur le marché. Les produits industriels sont soumis à une réglementation stricte qui a été conçue pour respecter les besoins nutritionnels et tenir compte de sa fragilité. Les préparations maison peuvent permettre de proposer une plus grande variété d’aliments, plus proche des habitudes culturelles de chaque famille. Néanmoins, il faut faire attention à la qualité des produits de base, aux modes de cuisson, adapter les textures et proscrire l’ajout de sel ou de sucre.

Place des apports lactés

Le lait le plus en adéquation avec les besoins du nourrisson reste le lait de femme. En cas de non-allaitement, une préparation de suite doit être proposée entre 6 et 12 mois puis au-delà de 1 an du lait de croissance jusqu’à l’âge de 3 ans, ou à défaut, du lait de vache entier.

À éviter

• Il n’y a pas lieu de rajouter du sel ou du sucre aux repas des enfants. La consommation de sucres rapides, notamment dans les sirops, les boissons sucrées ou les jus de fruits n’ont pas d’intérêt chez le nourrisson et doivent être évités.
Le miel ne doit pas être proposé aux jeunes enfants de moins de 1 an, car des cas de botulisme ont été rapportés. À noter que dans les produits spécifiques bébé tout-prêts, si du miel est introduit, celui-ci a été traité pour éviter le risque de botulisme.

Attention, l’alimentation vegan est vivement déconseillée chez le nourrisson. En cas d’alimentation vegan, il faut s’assurer des apports en vitamines B12 et D, fer, zinc, folate, omégas 3, protéines, calcium et apports énergétiques totaux et prévoir le cas échéant une supplémentation. Ces régimes doivent être conduits sous la responsabilité d’un professionnel de santé.

 

RÉFÉRENCE
• Banti T, Carsin A, B Chabrol et al. Diversification alimentaire du nourrisson. Évaluation des pratiques en regard des recommandations françaises actuelles chez les pédiatres varois et les internes affectés à la faculté d’Aix-Marseille. Archives de Pédiatrie 2016 : 23 ; 1018-27.
• Fewtrell et al. Complementary Feeding: A Position Paper by the European Society for Paediatric Gastroenterology, Hepatology, and Nutrition (ESPGHAN) Committee on Nutrition. J Pediatr Gastroenterol Nutr. 2017 ; 64 : 119-32.

Le syndicat des aliments de l’enfant propose des outils pour aider les médecins à répondre aux questions des parents : ordonnancier, portionnaire, etc., tous disponibles sur le site internet nutrition-bebe.fr.