Diversification Revue #22

Suite à une demande de la Commission européenne, le groupe scientifique sur la nutrition, les nouveaux aliments et les allergènes alimentaires (Panel on Nutrition, Novel Foods and Food Allergens-NDA) a révisé son avis de 2009 sur l’âge de la diversification alimentaire des nourrissons. Tenant compte des recommandations des sociétés savantes et agences nationales, cet âge a été évalué selon les besoins nutritionnels de l’enfant, de son développement et des effets sur la santé. L’EFSA précise que cet âge dépend également de caractéristiques individuelles propres à chaque enfant.

Pas d’effet délétère d’une diversification précoce

Sur le plan nutritionnel, la majorité des enfants ont besoin d’être diversifiés vers l’âge de 6 mois. Les nourrissons à risque élevé de carence martiale (enfant allaité de façon exclusive par une mère carencée en fer, clampage précoce du cordon ombilical, petit poids de naissance, vitesse de croissance très élevée) peuvent bénéficier d’un début plus précoce d’une alimentation solide riche en fer. En outre, le panel souligne qu’il n’existe pas d’éléments montrant qu’une introduction plus précoce (à 3-4 mois) de l’alimentation solide est délétère. En particulier, il n’y a pas d’effet délétère prouvé sur le risque de surpoids ou d’obésité ultérieure. Le développement des fonctions rénales et digestives de l’enfant permet une introduction précoce de l’alimentation diversifiée. Dans tous les cas, le panel souligne surtout l’importance d’adapter à l’âge l’alimentation proposée : en termes de textures, de qualité nutritionnelle, et d’hygiène.

Différences en fonction du développement de l’enfant

Un des déterminants de l’âge de diversification est la capacité, pour l’enfant, à passer d’une alimentation liquide ou semi-liquide à solide. Cela implique : 1) des changements anatomiques de la cavité buccale, 2) une diminution ou une disparition du réflexe présent à la naissance coordonnant la succion, déglutition et respiration, en faveur de mouvements de déglutition volontaires, 3) le développement de capacités motrices permettant les mouvements de la mâchoire, mais aussi des lèvres et de la langue. L’âge d’acquisition de ces capacités est très différent d’un enfant à l’autre. Certains enfants ont un développement suffisant pour manger de la purée dès l’âge de 3-4 mois, mais la plupart des enfants seront prêts entre 5 et 7 mois. L’introduction des aliments potentiellement allergisants comme les œufs, les céréales, le poisson ou les cacahouètes ne doit pas être différée, car cela augmenterait le risque de maladie allergique ultérieure.

Le gluten peut être introduit de façon parallèle aux autres aliments, sans augmentation du risque de développer une maladie cœliaque.

Ce rapport de l’EFSA est une revue très complète des données bibliographiques actuelles et fait écho aux recommandations de la plupart des sociétés savantes de pédiatrie et de l’OMS.

RÉFÉRENCE
Castenmiller J, de Henauw S, Hirsch-Ernst KI et al. Appropriate age range for introduction of complementary feeding into an infant’s diet. ESFA Journal 2019.