Régimes particuliers, Société Revue #4

Potentiellement dangereux

Pratique rencontrée dans les milieux végétariens et végétaliens, tentation de trouver un lait de substitution lorsque le bébé “digère mal” ou ne tolère pas les protéines du lait de vache… Autant de situations pouvant conduire à l’utilisation de jus végétaux ou de laits animaux (autres que les laits à base de protéines de lait de vache) non adaptés aux besoins des nourrissons ou enfants en bas âge.

Quels sont ces “autres laits” ?

  • Les jus végétaux : parmi lesquels on retrouve les jus de soja, d’amande, de châtaigne… ;
  • les laits animaux, autres que le lait de vache : lait de brebis, de chèvre, de jument, d’ânesse…

Une “mode” pouvant s’avérer dangereuse pour les nourrissons et enfants en bas âge

Le Pr Bertrand Chevallier (chef du Service de pédiatrie, hôpital Ambroise Paré, Boulogne) a récemment tiré la sonnette d’alarme lors d’une conférence de presse.

Il a souligné que tous ces “laits” de substitution sont inadaptés et potentiellement dangereux. Leur composition est en effet très différente de celle du lait maternel et des laits infantiles, mais également du lait de vache (les laits de croissance étant conseillés entre 1 et 3 ans). Et ils ne répondent pas toujours aux différents troubles du nourrisson pour lesquels ils sont parfois utilisés : coliques, allergie aux protéines du lait de vache (APLV), reflux gastro-œsophagien…

Lors de cete réunion, le Pr Chevallier a rapporté quelques cas de carences sévères dues à l’utilisation de ces faux “laits” :

  • inflexion pondérale, vomissements, hypernatrémie, acidose hyperchlorémique, excès de calcium avec précipitations calciques au niveau rénal et hypercalciurie, carence en vitamines E et B12, chez un enfant allaité 6 semaines puis mis au lait de chèvre exclusif jusqu’à 6 mois après essais de divers laits pour une possible APLV ;
  • cassure pondérale, troubles du comportement, petit périmètre crânien, carence sévère en vitamine D avec signes osseux de rachitisme, signes cliniques de malnutrition et déficit protéique, carence sodée, chez un enfant de 18 mois allaité 2 mois, sous hydrolysat 2 mois, puis passé au jus d’amande, l’apport calorique quotidien étant diminué de 46 %, l’apport protéique de 31 % et calcique de 84 %.

Une composition inadaptée

La composition des jus végétaux ne répond pas aux besoins nutritionnels du nourrisson, en particulier en raison d’une grande pauvreté en calcium (voire un déficit total), de la pauvreté en minéraux, en acides gras essentiels et en fer, de leur composition protéique non adaptée…

Les laits animaux exposent également l’enfant à des risques de carence en fer, en vitamines (déficit en vitamines A, C, D, B9 et B12 dans le lait de chèvre par exemple), et sont également trop riches en protéines et en graisses. Par ailleurs, selon la provenance du lait, les contrôles infectieux peuvent ne pas présenter toutes les garanties (c’est souvent le cas pour le lait d’ânesse).

Que dire aux parents ?

Il est important d’expliquer l’importance de la composition des laits, avec pour référence le lait maternel. L’allaitement est donc l’idéal. Si la mère ne peut pas ou ne souhaite pas allaiter, seules les préparations infantiles ont une composition adaptée aux besoins nutritionnels du nourrisson, tant en termes de composition que de qualité et de sécurité.

Les nourrissons en bas âge ont en effet des besoins bien spécifiques en protéines, lipides et acides gras essentiels, glucides, minéraux, en particulier calcium et fer, et vitamines, pour leur croissance, leur développement, leur maturation cérébrale…