Les effets néfastes de l’excès de sel sont bien décrits chez l’adulte (facteur de risque d’hypertension et de maladies cardiovasculaires). Chez l’enfant, il est plus difficile d’en évaluer les conséquences et même de savoir précisément quelle quantité doit être consommée pour assurer les besoins en sodium. Le Comité de nutrition de la SFP fait le point [1].
Les nourrissons commencent très tôt à apprécier la saveur salée, dès 3 à 6 mois ; à 4 mois, ils préfèrent de l’eau modérément salée à l’eau plate. A 2 ans, leur préférence pour les aliments salés est supérieure à celle des adultes.
C’est lors de la diversification que les apports sodés augmentent nettement ; ils sont souvent au-dessus des apports adéquats, comme cela a été constaté par une enquête de 2005 chez 706 enfants de moins de 36 mois [2]. Mais il existe une grande variabilité d’une famille à l’autre en fonction du choix des aliments et de l’utilisation ou non d’aliments spécifiques infantiles (dont les apports en sel sont limités).
Des risques potentiels ?
- La consommation précoce de sel aurait un impact sur l’appétence ultérieure pour le sel.
- Des études ont montré une relation entre augmentation de consommation de sodium et hausse de la pression artérielle (PA) chez des enfants d’âge scolaire et adolescents, et une réduction significative de la PA avec la baisse des apports sodés.
Peu d’études sont publiées chez le nourrisson. Une comparaison d’eaux de préparation des biberons contenant 32 vs 196 mg de Na/l, montre avec la plus forte concentration une TA plus élevée à l’âge de 8 semaines. Une 2e étude a évalué en double aveugle, pendant les 25 premières semaines de vie, des nourrissons recevant des apports sodés bas ou “usuels” ; la pression artérielle systolique (PAS) était plus faible dans le groupe “hyposodé”, et le suivi jusqu’à l’adolescence montre des PA systolique et diastolique inférieures dans ce groupe. Une autre étude montre enfin que la PAS à 7 ans est liée à l’apport sodé à 4 mois.
Quelles recommandations ?
Les travaux publiés plaident pour une réduction des apports sodés dès la petite enfance, voire dès la naissance, et l’importance de relayer l’information auprès des familles.
En se basant sur les travaux et recommandations sur les apports adéquats, le Comité de nutrition de la SFP recommande :
- de 0 à 6 mois : 120 mg/j de Na (= 300 mg de sel)* ;
- de 6 à 12 mois : 370 mg/j (940 mg)* ;
- de 1 à 3 ans : 1 000 mg/j (2,5 g) ;
- de 4 à 10 ans : 1 200 mg/j (3 g) ;
- de 11 à 15 ans : 1 500 mg/j (3,8 g) ;
- après 15 ans et chez l’adulte : 1 500 à 2 300 mg/j (3,8-5,8 g).
*Recommandations de l’Institut de médecine américain, 2005.
Pour les enfants jusqu’à 3 ans, le Comité de nutrition de la SFP émet également ces recommandations :
- privilégier l’allaitement maternel (apporte moins de Na que les préparations infantiles) ;
- préférer au lait de vache, dont la teneur en sodium est plus élevée, les préparations pour nourrissons, laits de suite et de croissance, notamment ceux dont la teneur en Na se situe dans la partie basse de la réglementation (mini : 20 mg/100 kcal ; maxi : 60 mg/100 kcal) ;
- pour la dilution de la poudre de lait infantile, privilégier une eau faiblement minéralisée contenant peu de sodium ;
- éviter d’ajouter du sel aux aliments spécifiques bébé dont la teneur en sel, réglementée, est suffisante ;
- limiter fortement le sel dans les aliments “faits maison” : saler peu pendant la cuisson et ne pas resaler à table.
Apports en sodium
(1 g NaCl = 17 mmol Na = 0,39 g Na)
Enfants allaités (apports sodés) [1]
Avant 4/6 mois : 22 mg/kg/j.
Lais infantiles
Préparations pour nourrissons et de suite :
20 à 60 mg/100 kcal = 135 à 400 mg/l (directive 2006/141/CE).
Laits infantiles observés sur le marché [3] :
– préparations pour nourrissons : 150 à 270 mg/l ;
– préparations de suite : 147 à 365 mg/l ;
– laits de croissance : 160 à 390 mg/l.
Lait de vache UHT [1]
420 mg/l.
Aliments infantiles spécifiques
200 mg/100 kcal (directive 2006/125/CE).
Céréales infantiles
100 mg/100 kcal (directive 2006/125/CE).
POUR EN SAVOIR PLUS
1. Girardet JP et al. Comité de nutrition de la Société française de pédiatrie. Les enfants consomment-ils trop de sel ? Arch Pédiatr 2014 ; 21 : 521-8.
2. Fantino M et al. Apports nutritionnels en France en 2005 chez les enfants non allaités âgés de moins de 36 mois. Arch Pediatr 2008 ; 15 : 446-55.
3. AFPA. Composition des laits pour nourrissons et enfants, 2014. Disponible sur : www.laits.fr (données janvier 2014).