Allaitement Revue #30

L’allaitement maternel est promu par l’ensemble des sociétés nationales et internationales comme gold standard de l’alimentation chez le jeune nourrisson. Malgré tout, les taux d’allaitement maternel demeurent en deçà des objectifs mondiaux.

Certains freins à l’allaitement maternel sont identifiés : manque de connaissance de la part des parents sur les bienfaits de l’allaitement, manque de soutien du co-parent ou plus largement familial, congés parentaux trop courts, frein sociétal à l’allaitement, en particulier en public.

Plateforme MyVoice

Afin de mieux identifier ces freins chez les jeunes, Grabowski et al. ont mené une étude sur les perceptions de l’allaitement maternel d’adolescents et de jeunes adultes, âgés de 14 à 24 ans, aux États-Unis. Pour ce faire, ils ont utilisé MyVoice, plateforme d’enquête anonyme en ligne et ont posé quatre questions ouvertes aux participants :

  1. Quelle est la première chose qui vous vient à l’esprit lorsque vous pensez à l’allaitement ?
  2. L’allaitement maternel consiste à nourrir un bébé au sein ou tirer le lait maternel dans un biberon. Selon vous, quel est l’impact de l’allaitement sur les bébés ?
  3. Selon vous, quel est l’impact de l’allaitement sur les mères ?
  4. Comment pensez-vous que l’allaitement maternel se compare à l’alimentation avec une formule infantile ?

Résultats

Au total, 829 participants, d’âge moyen de 18,8 ans ont répondu à au moins l’une des questions. La plupart avait une vision positive de l’allaitement : « l’allaitement maternel est bon pour la santé » (n = 216/747, 28,9 %) ou bien « l’allaitement maternel a des propriétés spécifiques bonnes pour la croissance et la santé » (n = 371/747 ; 49,6 %), ou encore « l’allaitement maternel permet de développer l’attachement du bébé avec sa mère » (n = 168/747 ; 22,5 %). Cependant, le rôle de l’allaitement dans les liens mère/enfant était plus fréquemment mis en avant par les participantes se décrivant comme des femmes que par ceux se décrivant comme des hommes (25,7 % versus 16,4 %, p = 0,01).

Près de 45 % des répondants considéraient que l’allaitement promeut la « connexion émotionnelle » mère/enfant et près de 20 % qu’il a un impact positif sur la mère. Cependant, 36 % des répondants percevaient également un impact négatif de l’allaitement (fatiguant et douloureux) et 20 % d’entre eux mentionnaient la difficulté sociale de l’allaitement et la stigmatisation autour de l’allaitement en public, une minorité pointant l’absence d’intérêt ou d’éventuelles complications liées à l’allaitement.

Les 3/4 des participants pensaient que l’allaitement maternel était mieux que les formules infantiles (FI), « meilleur pour la santé », plus « naturel » et « sûr ». Près de 15 % pensaient cependant que les FI sont un bon substitut à l’allaitement et qu’il ne fallait pas stigmatiser les femmes qui ne souhaitaient pas allaiter. 5 % considéraient que les FI n’étaient pas adéquates et 2 % que les FI étaient supérieures au lait de mère.

Conclusions

Au total, cette large enquête chez l’adolescent et le jeune adulte souligne une grande variabilité de la perception de l’allaitement, qui est cependant le plus souvent favorable, et les FI considérées comme des alternatives possibles à l’allaitement dans certaines situations. Les femmes soulignaient plus fréquemment que les hommes les bienfaits de l’allaitement, notamment sur la relation mère/bébé.

Ce type d’enquête est important, car il permet de mieux cibler les mesures de promotion de l’allaitement auprès des jeunes générations.

RÉFÉRENCE
 Grabowski A, Weselewski M, Amaro X et al. Perceptions of Breastfeeding Among Adolescents and Young Adults. Breastfeed Med 2024 ; 19 : 316-324.