Comportement Revue #26

L’appétit est très variable d’un individu à l’autre et peut avoir des conséquences notamment sur le poids ultérieur des individus.

Russell et al. ont étudié l’émergence précoce du phénotype « appétit » au cours de la première année de vie du nourrisson en visant plusieurs objectifs :

  1. identifier les différentes trajectoires des phénotypes appétit et
  2. examiner la relation entre ces trajectoires et différents facteurs comme le poids de l’enfant et les pratiques d’alimentation des parents.

Méthodologie

Pour ce faire, l’équipe australienne a mené une étude longitudinale sur des nourrissons bien portants (nés au-delà de 36 SG et à plus de 2,5 kg) de moins de 6 mois à l’inclusion. Il était demandé aux parents de compléter des questionnaires à différents temps espacés d’environ 3 mois.

Le type d’appétit du nourrisson était évalué avec le BEBQ (Baby Eating Behavior Questionnaire) qui permet de coter la réaction de l’enfant aux aliments, la durée des repas, l’appréciation des aliments, etc. et les pratiques alimentaires des parents vis-à-vis de leur enfant. Ces résultats étaient récoltés par le FPSQ (Feeding Practice and Structure Questionnaire) qui évalue la réceptivité d’un parent à son enfant lors des repas et la structuration de l’heure des repas.

3 phénotypes majoritaires de mangeurs chez le nourrisson

Au total, 380 questionnaires ont été récupérés au premier temps, puis 178 au temps 2, et 154 au temps 3. En fonction des réponses au questionnaire BEBQ, trois phénotypes se dégageaient.

> Le phénotype 1 « évitement des aliments » pour 21 % des nourrissons était caractérisé par une alimentation lente avec peu de plaisir à manger. Cependant, le plaisir de manger et l’appétit en général augmentaient au cours du temps ; les enfants mangeaient plus rapidement et étaient plus réactifs à la nourriture (ont le réflexe de manger face à des aliments).

> Le phénotype 2, caractérisé par un bon appétit, une bonne réactivité à la satiété (arrêt de l’alimentation après rassasiement) et une prise rapide des aliments représentait la majorité des nourrissons (50 %). Ce phénotype était globalement stable dans le temps avec malgré tout une augmentation de la vitesse de prise des repas et une augmentation modérée de l’appétit.

Enfin, le phénotype 3 (28 % des nourrissons) correspondait à des nourrissons avec l’ appétit global le plus élevé qui appréciaient la nourriture mais plutôt lents lors des repas et très réactifs à la nourriture. Là encore, ces paramètres diminuaient au temps 2 puis se stabilisaient.

 

Conclusion

Des groupes de phénotypes alimentaires émergent tôt dans la petite enfance, ayant pour origines à la fois les caractéristiques de l’enfant mais aussi le comportement alimentaire des parents.

Les trajectoires phénotypiques retrouvées étaient liées à l’alimentation aux formules infantiles et aux pratiques d’alimentation persuasives des parents, mais pas à l’évolution de l’indice de masse corporelle, ni aux caractéristiques démographiques des parents ou du nourrisson. Les groupes de phénotypes appétitifs multi-trajectoires infantiles suggèrent que pour certains nourrissons, des difficultés d’autorégulation de l’appétit apparaissent tôt dans la vie, d’où l’importance de s’y intéresser dès le plus jeune âge.

RÉFÉRENCES
 Russell CG, Appleton J, Burnett AJ et al. Infant Appetitive Phenotypes: A Group-Based Multi-Trajectory Analysis. Front Nutr 2021 ; 8 : 749918