Société Revue #5

Les études EPIFANE et EDEN

EPIFANE : l’alimentation de 0 à 1 an

L’étude Épifane (Épidémiologie en France de l’alimentation et de l’état nutritionnel des enfants pendant leur première année de vie) a été mise en place par l’Unité de surveillance et d’épidémiologie nutritionnelle (Usen) dépendant de l’InVS et de l’Université Paris 13, dans le cadre du PNNS 2011-2015. Elle fait suite à une étude pilote de 2010 chez 190 mères et leurs nouveau-nés dans 10 maternités.

Son objectif : mieux cerner les besoins alimentaires de l’enfant dans sa 1re année, vérifier si les mères suivent ou non les recommandations, prévoir des actions d’information et de sensibilisation.

Épifane a inclus 3 500 mamans de nourrissons nés entre janvier et avril 2012, dans 136 maternités choisies au hasard sur tout le territoire français. Les bébés doivent être en bonne santé ou ne pas nécessiter d’alimentation particulière. Les mères et les sages-femmes ont répondu à un questionnaire à la maternité (âge moyen du nouveau-né : 1,8 jour). Les échanges suivants se font avec les mamans par entretiens téléphoniques et questionnaires sur internet lorsque l’enfant à 1 mois, puis 4, 8 et 12 mois.

Cette enquête va permettre de préciser le mode d’alimentation de l’enfant, les difficultés vécues par les mères, et de corréler les résultats avec les données de santé de la mère et de l’enfant et leur environnement socioéconomique. Le questionnaire sur le mode d’alimentation porte en particulier sur :

  • la fréquence, la durée et l’exclusivité de l’allaitement maternel ;
  • le type, la durée et les quantités de préparations lactées infantiles ;
  • les modalités de la diversification alimentaire (moment développe d’introduction des nouveaux aliments, leurs nature et quantité).

Les tous premiers résultats chez 2 936 mamans de l’étude, qui portent sur le mode d’allaitement à la naissance et après le 1er mois, viennent d’être publiés (3). 69,1 % des nourrissons du panel ont reçu du lait maternel à la maternité (59,7 % de façon exclusive, 9,3 % associé à des préparations pour nourrissons). 30,9 % ne recevaient que des biberons de préparation pour nourrissons. Dès l’âge de 1 mois, ils ne sont plus que 54,4 % à être allaités (35,4 % de façon exclusive) et 45,6 % reçoivent des préparations pour nourrissons.

L’allaitement maternel, à la maternité ou à 1 mois, augmente notamment avec l’âge de la mère, le fait d’être mariée, un niveau d’études supérieur au baccalauréat, le fait de ne pas avoir fumé pendant sa grossesse, d’avoir suivi des cours de préparation à l’accouchement, d’avoir été en contact direct peau à peau avec son enfant dans l’heure suivant l’accouchement et de savoir que son conjoint a une perception positive de la femme qui allaite.

Les résultats complets seront publiés en 2013.

EDEN : les déterminants précoces de la santé de l’enfant

L’étude EDEN (Etude de cohorte généraliste, menée en France sur les Déterminants pré et post-natals précoces du développement psychomoteur et de la santé de l’ENfant), étude épidémiologique sous l’égide de l’Inserm, suit l’enfant de la fin du 1er trimestre de grossesse jusqu’à ses 5 ans. L’objectif est d’identifier les facteurs de risque.

2 002 mères ont été recrutées entre février 2003 et janvier 2006 dans les maternités des CHU de Nancy et Poitiers, et les informations sont disponibles pour plus de 1 900 enfants. Les parents ont répondu à des questionnaires (informations médicales, mode d’alimentation, mode de vie, stress, situation socio-économique…) et ont été vus avec l’enfant en consultation. Des échantillons biologiques ont été prélevés chez les parents et les bébés.

Les principales pistes explorées :

  • l’impact de la nutrition de la mère pendant la grossesse sur le développement et la santé de l’enfant (croissance, développement cognitif et moteur, apparition d’un surpoids, d’asthme…) ;
  • le rôle des facteurs socioéconomiques et psychoaffectifs dans la santé et le développement de l’enfant ;
  • l’incidence de l’exposition aux polluants, toxiques et allergènes pendant la grossesse et les premières années de vie.

Les principaux résultats sont disponibles sur le site de l’étude : http://eden.vjf.inserm.fr/ (rubriques : “Environnement” ; “Grossesse” ; “Alimentation, croissance” ; “Autres résultats”).

Parmi les données communiquées : 

  • l’âge moyen des mères est de 28,9 ans (18-45 ans) ; celui des pères de 32,5 ans ;
  • le % de césariennes est de 13 % à Poitiers, 20 % à Nancy ;
  • 6 % de bébés sont prématurés (proche de la moyenne nationale) ;
  • 70 % de bébés sont allaités à la sortie de maternité, 35 % le sont encore à 4 mois ;
  • la perte de poids néonatale est liée au poids de la mère :
    • chez les bébés allaités, elle est de 4,9 % pour les mères maigres, 5,8 % pour les mères obèses ;
    •  chez les bébés nourris avec des laits infantiles, 4,1 % pour les mères maigres, 2,6 % pour les mères obèses (les auteurs évoquent une sur-nutrition relative pour les mamans obèses) ;
  • 23 % des enfants marchent à 1 an (avantage pour les garçons), plus de la moitié commencent à parler à cet âge (avantage pour les filles).