Société Revue #7

Les conséquences des apports alimentaires durant l’enfance sur le statut nutritionnel à l’âge adulte ne sont pas encore bien connues. Il a cependant été montré qu’un apport élevé en protéines à l’âge de 2 ans était associé à une augmentation précoce de l’adiposité et à une masse grasse corporelle plus élevée à l’âge de 8 ans. Dans l’étude ELANCE (Etude Longitudinale Alimentation Nutrition Croissance des Enfants), la même équipe a étudié, sur la même cohorte, l’influence de l’apport énergétique total, la consommation de macronutriments, de l’âge de 10 mois à 2 ans, sur la composition corporelle et les concentrations sériques de leptine à l’âge adulte.

Les auteurs ont analysé les données de 73 individus en bonne santé nés entre 1984 et 1985, qui ont été suivis de façon prospective jusqu’à l’âge de 20 ans. Le suivi a consisté, à partir de l’âge de 10 mois, en des examens médicaux réguliers avec mesure de la taille et du poids, des enquêtes alimentaires dans l’enfance portant sur le mois précédent, une analyse anthropométrique fine à l’âge de 20 ans avec mesure de l’épaisseur tricipitale et subscapulaire, et impédancemétrie déterminant la masse grasse et non grasse, et une prise de sang pour dosage du taux de leptine sérique (hormone régulant les réserves en graisses et la satiété).

Les données socio-économiques et mesures anthropométriques du père et de la mère étaient également recueillies.

Au final, 33 femmes et 40 hommes ont pu être suivis. 64 % avaient été allaités (au maximum 7,5 mois). A l’âge de 10 mois, 44 % consommaient une préparation infantile (de façon exclusive chez 30 % et associée à un autre lait chez 14 %) et 56 % du lait de vache (20 % du lait entier et 36 % du lait demi-écrémé). A 2 ans, tous consommaient du lait de vache (33 % entier et 77 % demi-écrémé).

Il n’y a pas de différence pour les mesures de masse grasse pour les enfants allaités ou non allaités. En revanche, l’ensemble des analyses nutritionnelles à différents âges et corrélées aux données anthropométriques à l’âge adulte montre que des apports faibles en graisses au cours des deux premières années de vie sont associés à une masse grasse augmentée, surtout au niveau tronculaire, et à une concentration sérique de la leptine plus élevée à l’âge adulte.

Ces données suggèrent qu’une restriction des apports en graisses chez le nourrisson peut avoir des conséquences délétères. Ces résultats sont d’autant plus importants que la consommation protéique des enfants à 2 ans était 4 fois plus élevée que celle recommandée, alors que les apports en graisses étaient souvent inférieurs aux recommandations, ce qui est confirmé par d’autres études.

Les lipides sont la principale source énergétique à cet âge et sont des composants structurels des cellules nerveuses et de nombreux tissus. Une nutrition adéquate lors des premières années de vie paraît essentielle pour prévenir des troubles ou pathologies à l’âge adulte.

RÉFÉRENCE

Rolland-Cachera MF et al. Association of nutrition in early life with body fat and serum leptin at adult age. International Journal of Obesity 2012, Nov 13 ; Epub ahead of print.