La vitamine B12, ou cobalamine, est une vitamine hydrosoluble essentielle à la vie. Elle intervient dans la conversion du méthylmalonyl-CoA en succinyl-CoA, conduisant la production d’énergie via le cycle de Krebs et en permettant l’activité de la méthionine synthase, une enzyme qui catalyse la méthylation de l’homocystéine pour former la méthionine, un acide aminé essentiel.
Effets d’une carence en vitamine B12
La vitamine B12 est essentielle pour le développement cérébral lors de la vie fœtale et dans l’enfance. Au-delà des rares cas d’erreur innée du métabolisme empêchant son absorption et métabolisme, ou de malabsorption secondaire, de nombreux cas de carences liées à des nutritions inadaptées du nourrisson ont été rapportés. Les carences sévères en cobalamine dans les premiers mois de vie peuvent engendrer des déficits neurologiques, qui même après supplémentation, se pérennisent. Des déficits plus modérés peuvent être à l’origine de retard psychomoteur, de difficultés alimentaires et de croissance, de signes neurologiques comme des trémulations, une hypotonie, une irritabilité et des signes biologiques, en particulier une anémie macrocytaire, etc.
Lien entre la mère et son bébé
Le statut en vitamine B12 d’un nouveau-né dépend de celui de sa mère durant la grossesse, mais aussi de la fonction placentaire et de son âge gestationnel à la naissance. En pratique, le statut en cobalamine d’un nourrisson de 6 mois est très fortement corrélé à celui de sa mère à 18 semaines de grossesse. Une concentration maternelle > 275 pmol/l à cette période assure des apports suffisants pour le jeune nourrisson. À l’inverse, le déficit maternel en cobalamine, la prématurité ainsi qu’un faible poids de naissance sont des facteurs de risque de carence, en particulier chez le nourrisson allaité exclusivement de façon prolongée. La vitamine B12 ne se trouvant que dans les produits d’origine animale, les femmes végétaliennes ou véganes sont très à risque de carence, même en cas de supplémentation. De même, les femmes porteuses d’une pathologie digestive avec carence en B12 ou celles ayant un antécédent de chirurgie bariatrique sont particulièrement à risque. Lorsque ces mères allaitent, le risque de carence pour le nourrisson est très important avec des manifestations plus ou moins précoces en fonction du statut de départ en cobalamine du nourrisson. Même en cas de supplémentation maternelle, le risque n’est pas nul, ce d’autant que la concentration totale en cobalamine dans le lait de mère diminue durant la période de lactation. Les antécédents et modes de vie maternels sont donc des éléments très importants à connaître, certains facteurs de risque devant conduire à une recherche de carence chez le nourrisson.
Variation du taux de vitamine B12 au cours de l’enfance
Le statut biologique en cobalamine varie en fonction de l’âge. En effet, la cobalamine sérique diminue d’environ 30 % lors des premières semaines de vie et est minimale entre 4 et 6 mois chez l’enfant exclusivement allaité. Après l’introduction d’une alimentation avec des produits d’origine animale, généralement vers 6 mois, les stocks remontent progressivement jusqu’à un pic entre 3 et 7 ans, puis décroissent progressivement pour rejoindre un plateau chez l’adolescent et l’adulte. Chez le nourrisson et le jeune enfant, l’homocystéine est considérée comme le premier marqueur du statut en B12. En revanche, chez le plus grand enfant et chez l’adulte, l’homocystéine plasmatique est plutôt un marqueur métabolique intracellulaire du statut en folates. Enfin, l’acide méthylmalonique sérique (MMA) est inversement lié à la cobalamine circulante et est un bon marqueur du statut de la cobalamine, mais au cours des premières années de vie, les concentrations de MMA sont plus élevées sur toute la gamme des concentrations de cobalamine, comparées à celles des enfants plus âgés et des adultes.
Vitamine B12 : en pratique
Il n’y a pas de consensus très clair sur les seuils de dosage de cobalamine déterminant un statut en cobalamine déficient ou optimal chez l’enfant. La limite inférieure pour la carence en cobalamine (< 148 pmol/l) est fondée sur la présence de symptômes cliniques de carence. Des limites de décision comprises entre 200 et 250 pmol/l sont fondées sur des changements dans les marqueurs métaboliques homocystéine et MMA. Chez les nourrissons, le seuil de concentration de l’homocystéine est également sujet à débat, en général entre 5,0 mmol/l et 6,5 mmol/l.
En faisant l’hypothèse que le lait maternel contient suffisamment de cobalamine pour assurer une santé optimale durant cette période de la vie et en se basant sur une consommation moyenne de lait maternel d’environ 800 ml/jour et une concentration moyenne de cobalamine dans le lait maternel d’environ 0,45 µg/l, l’apport adéquat en cobalamine pour les nourrissons âgés de 0 à 6 mois est d’environ 0,4 µg/jour. Cependant, la quantité de cobalamine suffisante dépendra des réserves de cobalamine du nourrisson, faibles chez les prématurés, les nourrissons de faible poids de naissance et ceux nés de mères carencées en cobalamine.
Vitamine B12 : conclusion
Au total, la cobalamine, ou vitamine B12, est une vitamine essentielle à la vie. La carence est fréquente chez le nourrisson allaité de façon prolongée, en cas d’allaitement lorsque le statut en cobalamine de la mère est faible ou encore en cas d’introduction tardive des produits d’origine animale, car ses stocks sont faibles et les apports peu élevés. Il convient d’être particulièrement vigilant en cas de facteur de risque de carence maternel (défaut d’apport ou malabsorption).
Référence : Bjørke-Monsen AL. Defining Optimal Cobalamin Status for Neonates and Infants. Food Nutr Bull 2024 ; 45 : S16-S22.