Nutriments Revue #16

La vitamine A (ou rétinol) est une vitamine liposoluble qui a un rôle clé pour la vision, la croissance, le développement embryonnaire et fœtal, l’immunité, la barrière muqueuse, la préservation de la peau. La carence en vitamine A est peu fréquente dans les pays développés et essentiellement liée à des pathologies associées à une maldigestion ou une malabsorption. Le stockage de la vitamine A est essentiellement hépatique et le dosage sanguin n’est pas un bon reflet des réserves totales de la vitamine. Dans une mise au point récente, le Comité de nutrition de la Société française de pédiatrie fait le point sur les besoins et apports chez l’enfant.

Sources alimentaires

Les aliments contenant de la vitamine A (rétinol) sont tous les aliments d’origine animale. Parmi les viandes, le foie est le morceau le plus riche en rétinol, mais les produits laitiers (beurre, fromage, lait) sont en également riches. Le lait de mère a une teneur variant de 229 à 831 µg/L durant les 6 premiers mois de lactation. Les autres sources de vitamine A sont les fruits jaune ou orange (citrouille, carotte, abricot, mangue, certains melons) et les légumes verts foncés (épinard, laitue, brocolis, choux de Bruxelles) contenant des caroténoïdes. Plus un légume est vert, plus il contient du β-carotène qui est cependant moins bien absorbé que celui des fruits jaunes ou oranges.

Apports Nutritionnels Conseillés (ANC)

En 2015, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (European Food Safety Authority, EFSA) a publié de nouvelles recommandations en vitamine A plus faibles que les ANC en France. Seuls les excès en rétinol (origine animale) peuvent entraîner des troubles aigus ou chroniques. Les apports excessifs en caroténoïdes (origine végétale), qui entraînent une hyper-caroténémie, n’entraînent jamais d’hypervitaminose A et s’expriment par une pigmentation jaune orangée de la peau (teint « carotte »), sans manifestation pathologique, sans augmentation de la rétinolémie ni du rétinol hépatique. L’hypervitaminose A peut se manifester quand l’apport en rétinol a dépassé plus de 20 fois l’apport quotidien recommandé. Les signes de l’intoxication aiguë associent céphalées, vertiges, vomissements, irritabilité qui traduisent une hypertension intracrânienne (HTIC) avec bombement de la fontanelle chez le bébé.

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Apports chez l’enfant de moins de 3 ans en France

Le Comité de nutrition estime que les apports moyens chez le nourrisson exclusivement allaité de moins de 6 mois sont de 424 µg/jour.
Chez l’enfant non allaité, les estimations reposant sur l’enquête Nutri-bébé 2013 menée sur 1 035 bébés âgés de 15 jours à 35 mois, indiquent que les apports en vitamine A sont supérieurs aux ANC notamment les premiers mois de vie, puis diminuent progressivement après la diversification. En effet, entre 15 jours et 3 mois, ils étaient en moyenne à 531 µg RE/jour, à 462 µg RE/jour à 6 mois, 362 µg RE/jour à 12 mois et 247 µg RE/jour à 35 mois. Certains nourrissons avaient des supplémentations vitaminiques en plus de l’alimentation (mélange A, D, E, C), ce qui contribuait à augmenter ces apports les premiers mois. La nouvelle réglementation européenne de 2015, qui entre en application progressivement et sera obligatoire en 2020, sur les préparations pour nourrisson et de suite réduit le niveau maximum de vitamine A à 114 µg RE/kcal, afin d’éliminer un risque éventuel d’apport excessif. De même, il n’est pas conseillé aux femmes enceintes et allaitantes de consommer du foie (quelle que soit l’espèce) et des produits à base de foie.
Le Comité conclut que les apports des nourrissons en France, évalués en 2013, semblaient supérieurs aux apports proposés par l’AESA mais sans conséquence clinique apparente.

RÉFÉRENCE
Vidailhet et al. Vitamin A in pediatrics: An update from the Nutrition Committee of the French Society of Pediatrics. Arch Pediatr 2017 ; 24 : 288-97.