Nutriments Revue #28

L’iode est un élément essentiel nécessaire au bon fonctionnement de la glande thyroïde, en particulier pour la synthèse des hormones thyroïdiennes — thyroxine (T4) et triiodothyronine (T3) (1). Ces hormones sont impliquées dans la régulation du métabolisme énergétique, dans l’embryogenèse, et sont nécessaires à la croissance et au développement neurologique et cognitif des nourrissons et des jeunes enfants. Ainsi, la carence en iode chez le nourrisson peut augmenter le risque de malformations congénitales et être à l’origine de retards de croissance et mentaux.

Bonne absorption intestinale

L’absorption intestinale de l’iode ingéré est élevée (> 90 %) et la thyroïde est le principal site de stockage de l’iode dans le corps. La synthèse de quantités normales d’hormones thyroïdiennes nécessite une consommation alimentaire adéquate en iode. L’excrétion de l’iode est ensuite essentiellement rénale et représente plus de 90 % de l’apport alimentaire.

De nombreuses sources d’iode

L’iode se trouve dans les aliments et l’eau principalement sous forme d’iodure. L’iode se trouve principalement dans les aliments d’origine marine, notamment les poissons et les fruits de mer, ainsi que dans certains produits laitiers et les œufs. Cependant, la teneur en iode des aliments dépend de la teneur en iode du sol dans lequel ils sont cultivés ou élevés (Tableau).

Apports recommandés

D’après l’EFSA (2), les apports recommandés en iode varient en fonction de l’âge et de la phase de vie. Pour les nourrissons, les apports adéquats en iode sont de 70 microgrammes (µg) par jour. Pour les enfants de 12 mois à 3 ans, l’apport recommandé en iode est de 90 µg/j avec une limite supérieure à 200 µg/j.

Dans les préparations pour nourrisson commercialisées en France, les apports en iode sont très réglementés afin que le nourrisson ait des apports adéquats à son développement. L’iode doit être apporté sous forme d’Iodure de potassium, de sodium ou d’Iodate de potassium à un taux compris entre 10 et 50 µg/100 kcal pour les réparations pour nourrissons à base de protéines de lait de vache ou de lait de chèvre ou d’hydrolysats de protéines (3).

Pendant la grossesse et pour les nourrissons uniquement nourris au sein, les apports en iode dépendent exclusivement de ceux de la mère (5). Les omnivores ont des apports en iode adéquats en consommant du poisson et d’autres produits marins et les végétariens également en consommant des produits laitiers (4).

Risques en cas de carence

Cependant, les végétaliens, qui ne consomment pas de produits d’origine animale, sont à risque de carence en iode, surtout si les terres de culture sont pauvres en iode. Une consommation insuffisante et une excrétion urinaire d’iode inférieure à la normale ont été observées en cas de restrictions alimentaires spécifiques, en particulier en l’absence de consommation de sel iodé. Par ailleurs, les besoins en iode sont accrus chez les femmes enceintes et allaitantes, et ces femmes qui ont des régimes restrictifs peuvent de ce fait être carencées (4, 5).

Pawlak et al. (5) viennent de publier un article dans lequel ils ont dosé la concentration d’iode dans le lait maternel de mères américaines allaitantes véganes (n = 12), végétariennes (n = 6) et omnivores (n = 12). Leurs résultats montrent une moindre concentration d’iode dans le lait des mères non omnivores et dans deux tiers des cas, la concentration en iode était inférieure à l’apport adéquat de l’Académie nationale de médecine (USA), en supposant une consommation de lait infantile de 0,78 L/jour.

Ainsi, même si cette étude est préliminaire, elle souligne l’importance de la supplémentation en iode (sel iodé, algues marines, certains pains et céréales, etc.) pour les femmes enceintes véganes et végétariennes.

Actuellement, les données ne permettent pas de trancher sur l’intérêt de la supplémentation en iode sous forme de gouttes, comprimé, capsules, etc. dans la population générale de femmes enceintes (6), mais il pourrait y avoir un intérêt à supplémenter les femmes véganes allaitantes (5).

 

RÉFÉRENCES
 1.https://efsa.onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.2903/j.efsa.2014.3660
2. https://multimedia.efsa.europa.eu/drvs/index.htm
3. https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000018685743
4. Guo W, Wu W, Gao M et al. Characteristics and predictors of breast milk iodine in exclusively breastfed infants: Results from a repeated-measures study of iodine metabolism. Front Nutr 2022 9 ; 9 : 1017744.
5. Pawlak R, Judd N, Donati GL, Perrin MT. Prevalence and Predictors of Low Breast Milk Iodine Concentration in Women Following Vegan, Vegetarian, and Omnivore Diets. Breastfeed Med 2023 ; 18 : 37-42.
6. www.cochranelibrary.com/cdsr/doi/10.1002/14651858.CD011761.pub2/full/fr