Nutriments Revue #17

Dans les pays développés, la carence martiale est la plus fréquente des maladies nutritionnelles, notamment chez le nourrisson et le jeune enfant.
Lorsqu’elle est marquée, la carence martiale aboutit à une anémie ferriprive et peut être à l’origine de divers symptômes : fatigue, diminution des capacités intellectuelles et physiques, susceptibilité à certaines infections ou encore altération des phanères et muqueuses (chéilite, glossite, etc.).

Le fer alimentaire est disponible sous 2 formes :
la forme héminique présente dans l’hémoglobine et la myoglobine. On la trouve essentiellement dans les aliments d’origine animale : viande ou poisson. Son absorption est de 20-30 % ;
la forme non-héminique présente quant à elle dans les aliments d’origine végétale, les œufs ou le lait. Son absorption est nettement moindre, de l’ordre de 2 à 5 %.
L’absorption de ces 2 formes de fer peut être modifiée par d’autres nutriments comme le calcium qui diminue l’absorption du fer héminique ou l’acide ascorbique (vitamine C) qui l’augmente.

Dans le lait maternel, l’absorption est très bonne de l’ordre de 50 %, car le fer est lié à la lactoferrine qui est facilement captée par les cellules entérocytaires. Dans les formules infantiles, environ 20 % du fer est absorbé, notamment grâce à l’ajout concomitant de vitamine C. De plus, en cas de régime carencé, le coefficient d’absorption du fer non-héminique est meilleur et peut même doubler ou tripler.

Un groupe de travail au sein de la Société française de pédiatrie a travaillé sur les recommandations concernant les apports en fer. En partant des calculs et recommandations de l’EFSA (European Food Safety Authority) qui regroupent les données d’une vingtaine de pays européens, des nouveaux ANC (apports nutritionnels conseillés) ont été développés pour le fer et fonction de l’âge et du sexe. Une des difficultés pour le fer est la grande variabilité d’absorption en fonction de la source alimentaire et des aliments consommés en parallèle, ainsi que de l’absence de données sur la variabilité des besoins de l’enfant et de l’adolescent. Les nouveaux ANC calculés sont dans le tableau suivant résumant les besoins en fer selon l’âge et le sexe.

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Recommandations nutritionnelles

De 0 à 6 mois

Il est vraisemblable qu’au cours des tout premiers mois, les nourrissons n’aient besoin que de très faibles apports en fer. Ceci s’explique par un stock de fer important accumulé au cours du dernier trimestre de la grossesse et par une hémolyse physiologique lors des 6 premières semaines de vie. Le groupe de travail recommande cependant une diversification dès 4 mois révolus pour certains nourrissons exclusivement ou majoritairement allaités en introduisant rapidement des aliments riches en fer. Les nourrissons nourris avec une formule infantile ont des apports suffisants en fer dès 200 ml/jour lors des premières semaines de vie. Il n’y a donc pas de recommandation spécifique formulée par le groupe de travail pour débuter plus tôt la diversification lorsque les nourrissons consomment majoritairement une formule infantile les 6 premiers mois.

De 7 à 11 mois

À partir de 7 mois, les besoins en fer augmentent nettement. Le groupe de travail recommande ainsi :
1) pour les nourrissons non allaités, la consommation d’au moins 700 ml/jour de préparation de suite ;
2) pour les nourrissons toujours allaités, une supplémentation martiale systématique des nourrissons, au prorata de la quantité de formule infantile consommée selon la formule suivante :
Quantité de fer élément (mg) = 7-volume de préparation de suite ingéré/100.

De 1 à 6 ans

Le groupe de travail de la SFP insiste sur l’absence de risque de surcharge en fer en cas d’alimentation très riche en fer et sur l’importance d’avoir des apports martiaux suffisants. En cas de carence martiale simple (ferritinémie inférieure à la norme pour l’âge), il conseille :
— des mesures diététiques : lait de suite en l’absence d’allaitement, lait de croissance, produits carnés, abats ou boudin noir ;
— une supplémentation pendant 3 à 6 mois en cas d’échec : 3 à 6 mg/kg/jour de fer en cas de carence avérée ou 1 à 2 mg/kg/jour en prévention si les apports sont insuffisants.

Les aliments de l’enfance sont soumis à une réglementation stricte, notamment dans les dosages en fer dans les laits infantiles, répondant à des critères de composition quantitatifs et qualitatifs qui évoluent avec l’âge.

 

RÉFÉRENCE
Fer et nutrition. Tounian P, Chouraqui JP. Archives de pédiatrie 2017