À partir de 4 mois, le nourrisson acquiert les compétences pour mâcher et déglutir de la nourriture solide. De plus, il est possible de débuter la diversification des nourrissons dès cet âge en complément de l’allaitement maternel afin d’assurer des apports nutritionnels adéquats pour la croissance et le développement de l’enfant.
L’âge de la diversification a largement été débattu et modifié ces dernières années. En revanche, peu d’équipes se sont intéressées aux conseils à donner sur la façon de proposer de la nourriture solide aux nourrissons. Traditionnellement, la diversification commence par des textures lisses type purées, suivies de textures écrasées puis émincées. Avant 8-9 mois, les nourrissons mangent peu avec les doigts. Commencer par des textures très lisses est nécessaire, car les nourrissons de 4 mois ont encore peu de capacité à mâcher des morceaux. En revanche, à partir de 6-7 mois, la plupart peuvent mâcher et mettre la nourriture en bouche.
Une nouvelle approche vers les aliments
La diversification au rythme du bébé (Baby-Led Weaning, BLW) diffère des approches traditionnelles, car l’enfant est encouragé à manger seul dès le début de la diversification. Les parents suivant cette méthode proposent des aliments à l’enfant qui va les manger en les mettant lui-même en bouche. Les textures très lisses ne sont en général pas proposées, car nécessitent l’utilisation d’une cuillère. Lorsque le développement de l’enfant le permet, on peut proposer une cuillère à l’enfant pour manger des aliments comme des yaourts ou des crèmes. Même si la littérature scientifique s’intéresse de plus en plus à ces modalités de diversification, le BLW n’est actuellement pas recommandé de façon exclusive par les autorités, du fait du manque de données.
Un effet positif sur les habitudes alimentaires
Parmi les avantages de ce mode de diversification, un moindre risque d’obésité du fait d’une meilleure adaptation de la prise alimentaire aux besoins, mais aussi une meilleure qualité diététique, les parents sélectionnant des repas diversifiés et de bonne qualité nutritionnelle. Il n’y a cependant pas assez de données disponibles pour conclure sur ce point. Il est noté un effet favorable sur les habitudes alimentaires des parents et moins de pression concernant les prises alimentaires et le poids de l’enfant. Là encore, le peu de données disponibles ne permet pas de conclure. Enfin, cette méthode favorise les compétences motrices de l’enfant. Le BLW est possible avec les aliments industriels comme les aliments faits-maison : dans les deux cas, les textures préparées sont adaptées à l’âge de l’enfant et permettent donc une découverte alimentaire en lien avec les capacités de mastication et de préhension de chaque âge.
Une méthode qui nécessite la présence et la patience des parents
Deux types de désavantages sont notés pour cette méthode. Le premier est pratique : cette proposition d’autonomie des enfants entraîne forcément des gestes moins calibrés que la cuillère donnée par les parents. L’attention des parents doit donc être renforcée même s’il n’y a actuellement pas de données, ni sur le taux d’étouffement des nourrissons lors de la diversification ni en cas de BLW. Des cas ont cependant été rapportés lors d’ingestion de morceaux de pomme dans des familles BLW. Sur le plan nutritionnel, trois points doivent être connus des pédiatres :
– La carence martiale et en zinc : les aliments introduits en début de diversification sont pauvres en fer et en zinc (fruits, légumes). Les céréales sont plus riches en fer, mais les aliments liquides ne peuvent pas encore être consommés par l’enfant avec la méthode BLW. La viande émincée pourrait être consommée par ces enfants si les parents n’ont pas peur d’un étouffement. Actuellement, le statut en fer des enfants BLW n’est pas connu.
– Le retard de croissance : deux études ont montré que le poids moyen des enfants était inférieur en cas de BLW comparé à une diversification traditionnelle, mais il n’y a pas de données sur les retards de croissance vrais, qui pourraient être dus à une insuffisance d’apports chez les enfants suivant ce type de programme.
– Les apports excessifs en sel et en sucre : des réserves ont été émises quant à l’adéquation des repas de la famille et des besoins du nourrisson. En effet, les repas des familles sont le plus souvent trop riches en sucres et en sel pour les besoins du nourrisson. Le choix des produits est donc essentiel : ils doivent être adaptés à l’âge de l’enfant, mais aussi et surtout à ses besoins afin d’assurer une alimentation équilibrée. Les produits industriels comme les petits pots ou assiettes, préparés spécifiquement pour répondre aux besoins de chaque âge, peuvent donc être utilisés dans l’approche du BLW. Au total, alors que ce mode de diversification au rythme du bébé fait l’objet d’un engouement de plus en plus important et de plus en plus de publications, il suscite de nombreuses interrogations. Des études randomisées, telles que prévues par Daniels et al. sur l’évaluation du BMI, du statut en fer et du risque d’étouffement nous aideront à conseiller les familles.
RÉFÉRENCE
Daniels L, Heath AL, Williams SM et al. Baby-Led Introduction to SolidS (BLISS) study: a randomised controlled trial of a baby-led approach to complementary feeding. BMC Pediatr 2015 ; 15 : 179.