La vitamine D (vit D) est une vitamine liposoluble qui intervient dans de nombreux mécanismes physiologiques (minéralisation osseuse, système immunitaire, réparation de l’ADN) et sa carence chez l’enfant conduit au rachitisme carentiel.
Les nourrissons allaités sont particulièrement à risque de carence et il est recommandé de supplémenter l’ensemble des nourrissons, exclusivement allaités ou non. Ainsi l’ESPGHAN et la société pédiatrique canadienne recommandent une supplémentation à hauteur de 400 UI/jour jusqu’à 12 mois et le comité de nutrition de la Société française de pédiatrie 1 000-1 200 UI/j chez le nourrisson allaité et 600‑800 UI/j chez le nourrisson buvant un lait infantile enrichi en vit D jusqu’à 18 mois (1-3). Ces recommandations peuvent différer grandement d’un pays à l’autre, notamment du fait du niveau d’exposition solaire. Il est le plus souvent admis qu’une concentration de 25‑OHD en deçà de 20 ng/mL correspond à une insuffisance en vit D et qu’une concentration inférieure à 10 ng/mL à une carence sévère en vit D. Dannawirkata et al. (4) ont fait des dosages de vit D sur une large population d’enfants allaités exclusivement ou partiellement et les ont analysés en fonction de la durée d’allaitement et d’une supplémentation orale. Entre septembre 2011 et août 2013, les données sur 2 508 enfants canadiens âgés de 1 à 5 ans ont été colligées. L’âge médian des enfants était de 24 mois [Iqr = 15-41] et le niveau médian de 25-OHD de 32 ng/mL [Iqr = 26-40]. Cinq pour cent des enfants (n = 130) avaient une carence en vit D (taux inférieur à 20 ng/mL). Seulement 53 % des enfants étaient supplémentés en vit D et la durée d’allaitement (exclusif ou non exclusif) n’avait pas d’impact sur le taux sérique de 25-OHD. En revanche, en l’absence de supplémentation, plus la durée d’allaitement était prolongée, plus le dosage de 25-OHD était bas, ce qui n’était pas le cas en cas de supplémentation (p = 0,04). De plus, le risque de carence avec une 25-OHD inférieure à 20 ng/mL était augmenté en cas d’allaitement long sans supplémentation.
Ces résultats insistent sur l’importance d’une supplémentation en vitamine D notamment en cas d’allaitement prolongé, allant au-delà de la première année, comme cela est conseillé par le comité de nutrition de la Société française de pédiatrie.
RÉFÉRENCES
1. Braegger C, Campoy C, Colomb V et al. ESPGHAN Committee on Nutrition. Vitamin D in the Healthy Paediatric Population: A Position Paper by the ESPGHAN Committee on Nutrition. J Pediatr Gastroenterol Nutr 2013 : 56 ; 692-701.
2. Vidailhet M, Mallet E, Bocquet A et al. Comité de nutrition de la Société française de pédiatrie. Vitamin D: still a topical matter in children and adolescents. A position paper by the Committee on Nutrition of the French Society of Paediatrics. Arch Pediatr 2012 ; 19 : 316-28.
3. http://www.hc-sc.gc.ca/fn-an/nutrition/infant-nourisson/recom/index-eng.php#a3
4. Darmawikarta D, Chen Y, Lebovic G et al. Total Duration of Breastfeeding, Vitamin D Supplementation, and Serum Levels of 25-Hydroxyvitamin D. Am J Public Health 2016 ; 106 : 714-9.