La vitamine E est une vitamine liposoluble que l’on trouve sous huit formes différentes dans les végétaux. L’isomère RRR-α-tocophérol est celui qui est le plus actif biologiquement et celui qui a été le plus étudié. Il sert donc de référence pour évaluer l’activité vitaminique des autres formes et pour évaluer les besoins et apports recommandés chez l’homme (1).
La vitamine E, un nutriment essentiel
La vitamine E est un antioxydant indispensable chez l’homme. Lors des réactions d’oxydation de l’organisme, les radicaux libres produits peuvent endommager l’ADN, les lipides ou les protides cellulaires. Les substances antioxydantes comme la vitamine E, C ou A sont capables de capter et de piéger ces radicaux libres produits par l’oxygène et protégeant ainsi les composants cellulaires. La vitamine E est surtout active au niveau des acides gras polyinsaturés des membranes cellulaires et des lipoprotéines plasmatiques de la cellule, ainsi qu’au niveau des mitochondries. Elle a également un rôle dans les mécanismes de l’immunité cellulaire (1, 2).
Comme d’autres vitamines liposolubles, la vitamine E a été découverte dans les années 1920, mais ce n’est qu’à partir des années 1980 que la clinique du déficit en -tocophérol a peu à peu été décrite, car la carence vraie en vitamine E est exceptionnelle chez l’homme adulte.
Nos connaissances du déficit en vitamine E nous viennent essentiellement de la caractérisation d’une maladie génétique exceptionnelle altérant les protéines de transport de l’-tocophérol (a-TTP) et des syndromes de malabsorption des graisses empêchant l’absorption normale des vitamines liposolubles, comme les cholestases génétiques ou les insuffisances pancréatiques exocrines.
Des cas de carence profonde en cas de malnutrition sévère ont cependant été décrits chez des enfants en Inde. La profonde carence en vitamine E se manifeste par des troubles neurologiques avec ataxie spino-cérébelleuse, polyneuropathies, rétinopathies et des cardiomyopathies.
Des carences moins profondes ont été associées à des anémies hémolytiques notamment chez l’enfant prématuré et possiblement à une sensibilité accrue aux infections comme les infections respiratoires.
À l’inverse, en dehors d’une supplémentation excessive surtout sur des terrains à risque (insuffisance hépatique, prématurité, interaction médicamenteuse), il n’est pas connu de cas d’hypervitaminose E (1).
Vitamine E et alimentation
Les isomères de vitamine E sont absorbés par les cellules intestinales par diffusion passive puis sont transportés jusqu’à la lymphe puis le foie via les chylomicrons. Une fois arrivés au foie, l’a-tocophérol est pris en charge par l’a-TTP puis délivrée aux tissus périphériques après incorporation dans les VLDL, LDL et HDL (3). À la naissance, les stocks de vitamine E sont très bas et les besoins du nouveau-né sont importants. Ainsi, le lait de mère contient beaucoup de vitamine E. Une étude brésilienne a récemment dosé les teneurs en vitamine E dans le lait de cent mères allaitantes lors du premier mois de gestation après une naissance à terme (3). Le colostrum, produit avant le 3e jour suivant la naissance était particulièrement riche et contenait 40,5 ± 15,0 µmol/L alors que le lait de transition produit entre le 7e et le 15e jour contenait 13,9 ± 5,2 µmol/L et le lait de femme mature (après le 30e jour de lactation) 8,0 ± 3,8 µmol/L. Ces données montrent l’importance des besoins du bébé à la naissance, besoins qui diminuent ensuite après quelques semaines de vie. Les recommandations actuelles chez le nourrisson sont basées sur les concentrations moyennes en vitamine E du lait de mère produit durant les premiers mois de la lactation, les besoins alimentaires étant liés à la quantité d’acides gras polyinsaturés de l’alimentation (Tableau 1). Les préparations infantiles sont enrichies en vitamine E afin de répondre aux besoins des tout-petits (Tableau 2).
On trouve de la vitamine E dans les huiles végétales, le beurre, la margarine et les oléagineux de façon générale (olives, noix, amande, graines de colza…) (Tableau 3). Les fruits et légumes sont aussi une source importante de vitamine E. Il est conseillé de stocker les aliments riches en vitamine E à l’abri de la lumière, car elle se dégrade à la lumière. Les apports moyens chez l’adulte en France ont été estimés entre 15 et 18 mg/jour.
Bienfaits de la vitamine E
Les capacités antioxydantes remarquables associées à une « quasi-innocuité » ont fait de la vitamine E un candidat idéal dans la prévention de certaines pathologies. Alors que la carence en vitamine E semble clairement délétère et associée à un risque accru d’infection, d’anémie, de retard de croissance. Lorsque la consommation de vitamine E est insuffisante, cela induit des dommages aux tissus, notamment au niveau des nerfs périphériques et des cellules sensorielles. L’insuffisance de vitamine E pourrait avoir un rôle également dans l’altération de la cognition du sujet âgé. À l’inverse, la supplémentation en vitamine E, au-delà des apports recommandés n’a pas montré son efficacité (2, 4).
Les préparations infantiles contiennent des taux de vitamine E adaptés pour une croissance harmonieuse des tout petits.
Références
1. ANC pour la population française. Ambroise Martin. Ed TEC & DOC, 3e édition.
2. Traber MG. Vitamin E inadequacy in humans. Adv Nutr 2014 ; 5 : 503-14.
3. Da Silva ALC et al. Vitamin E in human milk and its relation to the nutritional requirement of the term newborn. Rev Paul Pediatr 2017 ; 35 : 158-64.
4. Tang M et al. Effect of vitamin E with therapeutic iron supplementation on iron repletion and gut microbiome in U.S. iron deficient infants and toddlers: a randomized control trial J Pediatr Gastroenterol Nutr 2016 ; 63 : 379-85.
5. Ciqual-ANSES – https://ciqual.anses.fr/#/constituants/53100/vitamine-e-(mg-100g)
6. Arrêté du 11 avril 2008 relatif aux préparations pour nourrissons et aux préparations de suite – NOR : ECEC0771649A.