Pourquoi est-il la base de l’alimentation du nourrisson et du petit enfant jusqu’à 3 ans ?
Le lait (maternel ou infantile) est le seul aliment consommé durant les premiers mois de vie. Il reste primordial après la diversification alimentaire et jusqu’à l’âge de 3 ans. Le lait maternel ou, lorsque l’enfant ne peut être allaité, les préparations pour nourrissons, puis les laits de suite et laits de croissance apportent les nutriments nécessaires à sa croissance et à son développement psychomoteur : de l’énergie, des acides gras essentiels, des minéraux et oligoéléments, des vitamines…
L’alimentation exclusive du nourrisson
Le lait maternel ou les préparations pour nourrissons (si la mère ne peut ou ne souhaite pas allaiter) constituent, dans la majorité des cas, l’alimentation exclusive du nourrisson.
Le lait maternel couvre parfaitement les besoins du nourrisson. Sa composition varie au fil des mois, d’une femme à l’autre, d’un moment à l’autre de la journée, et au cours de la tétée, pour mieux répondre aux besoins de chaque enfant.
Les préparations pour nourrissons, soumises à une réglementation stricte, sont conçues pour des apports nutritionnels les plus proches possible de la composition du lait maternel et des besoins du nourrisson.
Le lait maternel et les préparations pour nourrissons couvrent totalement, jusqu’à la diversification, les besoins hydriques (150 ml/kg/j de 0 à 3 mois, puis 120 ml/kg/j de 3 à 6 mois), énergétiques, en glucides, protéines (dont acides aminés essentiels), lipides (dont acides gras essentiels), minéraux et oligoéléments, et vitamines, indispensables au métabolisme de base et à la croissance. Une supplémentation en vitamine D est recommandée pour tous les nourrissons (voir “Actualité Biblio“ ), et une supplémentation en vitamine K (5) est conseillée en cas d’allaitement exclusif.
Ce sont les seuls apports lactés conseillés. Le lait de vache n’est pas recommandé avant l’âge de 1 an. Les jus végétaux (soja, amande, châtaigne…) et laits d’autres animaux (chèvre, brebis, ânesse, jument) sont totalement contre-indiqués.
Indispensable dans l’alimentation diversifiée
Après la diversification (pas avant 4 mois et de préférence pas après 6 mois) et jusqu’à l’âge de 3 ans, le lait (maternel ou infantile) occupe encore une part prédominante : il assure notamment une grande partie des apports hydriques, en calcium, en fer, en acides gras essentiels, et contribue aux apports en protéines, glucides, vitamines… dans le cadre de l’alimentation diversifiée.
Pour couvrir les besoins de l’enfant, les recommandations sont d’assurer un apport lacté compris entre 250 et 500 ml par jour en fonction de son âge, et jusqu’à 3 ans. Lorsque l’enfant consomme moins de lait, il est utile de compléter cet apport par des aliments lactés, de préférence infantiles.
Si l’enfant n’est pas allaité, les préparations de suite sont recommandées jusqu’à 12 mois. Au-delà de 1 an et jusqu’à 3 ans, les laits de croissance prennent le relais.
Ces derniers doivent être préférés au lait de vache, leur composition étant plus appropriée aux besoins du jeune enfant. Récemment (6), le Comité de nutrition de la Société Française de Pédiatrie a fait le point sur l’intérêt de donner du lait de croissance chez les enfants de 1 à 3 ans. En se basant sur les résultats d’une enquête nutritionnelle réalisée en 2005 sur un panel d’enfants de moins de 36 mois non allaités, les experts de ce comité soulignent que les enfants de 12 à 24 mois recevant du lait de vache ou des produits lactés à base de lait de vache ont un apport en protéines important et un déficit d’apport en acides gras essentiels, fer, zinc, vitamines C, D et E par rapport aux ANC. En revanche, chez les enfants consommant au moins 250 ml de lait de croissance par jour, ces inadéquations d’apport ne sont pas observées, à l’exception de la vitamine D (déficit moindre, et compensé par la supplémentation en vitamine D recommandée chez tous les enfants en bas âge).
Si l’enfant reçoit du lait de vache (après 1 an), il doit s’agir de lait UHT, entier pour assurer les apports en lipides nécessaires à son développement.
Focus sur quelques composants essentiels
Le déficit en fer est l’un des plus fréquents. Le fer est nécessaire à la formation de l’hémoglobine et de la myoglobine, et il est présent dans de nombreuses enzymes. Il a un rôle dans l’immunité et les fonctions cérébrales.
Les besoins du bébé et du petit enfant sont élevés (6-10 mg/j) du fait de leur croissance très rapide (2).
Le fer se trouve en quantité équivalente dans le lait de vache et le lait maternel, mais son absorption digestive via le lait maternel est de l’ordre de 50 %, contre 10 % pour le lait de vache. Les laits infantiles contiennent tous du fer pour correspondre aux besoins de l’enfant.
Les protéines du lait maternel et des laits infantiles sont apportées en quantités suffisantes, correspondant à la juste dose pour répondre aux besoins de croissance et aux capacités métaboliques de l’enfant (un excès peut entraîner une surcharge rénale et une dérégulation métabolique). La qualité des protéines est également importante car elles apportent des acides aminés essentiels (AAE). A noter que, dans les laits infantiles, ces AAE doivent être présents en quantité au moins égale à celle du lait maternel.
Les apports conseillés en protéines sont assez constants : environ 7 g/jour jusqu’à 9 mois, 8 g/jour jusqu’à 24 mois, puis 9,5 g/jour jusqu’à 3 ans (2).
Les acides gras essentiels (AGE) entrent dans la composition des membranes cellulaires et ont un rôle clé dans le développement cérébral et neurosensoriel. Les apports conseillés sont de 2-5 % de la ration énergétique pour l’acide linoléique et 0,4-1,5 % pour l’acide α-linolénique (2). Ils sont naturellement présents dans le lait maternel. Les préparations pour nourrissons, laits de suite et laits de croissance contiennent des AGE. Le lait de vache, en revanche, en contient de faibles quantités.
Les laits apportent la quantité de calcium indispensable à la croissance et à la santé osseuse, mais aussi, via la fraction extra-osseuse, à l’excitabilité neuromusculaire, à la coagulation sanguine et au bon fonctionnement enzymatique.
Les apports recommandés sont de 400 mg/jour de 0 à 6 mois et 500 mg/jour jusqu’à 3 ans (2). Ils sont 2 à 4 fois supérieurs à ceux de l’adulte, soulignant l’importance des apports lactés, source importante de calcium durant les premières années de vie.
La vitamine D et le phosphore sont aussi indispensables à la minéralisation osseuse.
Les besoins en vitamine D sont en partie couverts par l’apport lacté. Une supplémentation est indispensable ; cependant, celle-ci est moins importante pour les enfants qui consomment des laits infantiles.
Afin de garantir une absorption correcte de calcium, le rapport calcium/phosphore doit être compris entre 1 et 2 (contrairement au Ca, le phosphore est présent dans presque tous les aliments et sa carence est exceptionnelle).
POUR EN SAVOIR PLUS
1. Allaitement maternel. Les bénéfices pour la santé de l’enfant et de sa mère. PNNS, 2005.
2. Martin A. Apports nutritionnels conseillés pour la population française. Editions Tec & Doc, 2001.
3. Afssa, Inpes. Programme National Nutrition Santé.
4. Arrêté du 11 avril 2008 relatif aux préparations pour nourrissons et aux préparations de suite.
5. Bocquet A et al. Alimentation du nourrisson et de l’enfant en bas âge. Réalisation pratique. Arch Pediatr 2003 ; 10 : 76-81.
6. Ghisolfi J et al., Comité de Nutrition de la Société Française de Pédiatrie. Lait de vache ou lait de croissance : quel lait recommander pour les enfants en bas âge (1-3 ans) ? Arch Pediatr 2011 ; 18 : 355-8.