L’allaitement maternel (AM) est largement recommandé comme la meilleure façon de nourrir un enfant lors des premiers mois de vie. Pourtant, le taux d’initiation de l’AM en France est l’un des plus bas d’Europe, et a même diminué passant de 68,7 % à 66,7 % entre 2010 et 2016. Guajardo-Villar et al. ont analysé finement les facteurs associées à ces taux d’initiation de l’AM exclusif, mixte et artificiel en France entre 2010 et 2016.
Allaitement en France : en baisse malgré des facteurs connus comme favorables
En effet, entre 2010 et 2016, des facteurs connus comme favorables à l’AM ont augmenté dans la population : les mères sont plus âgées, ont un niveau d’étude et de revenus supérieurs, la proportion d’accouchement dans des maternités dites « Baby Friendly » promouvant l’AM est passée de 2 à 6,4 % et l’accompagnement à l’AM est encouragé activement avec des conseillers/conseillères en allaitement dans les trois quarts des maternités.
Cependant, on note une diminution du taux d’initiation d’AM de -7,7 points pour l’AM exclusif et de -1,8 points pour l’AM mixte ou non.
Divers critères à prendre en compte pour expliquer cette diminution
Après analyse de ces facteurs, il apparaît que l’initiation à l’AM (mixte ou non) a surtout diminué chez les femmes primipares, qui ont accouché par voie basse, nées en France et dont les revenus sont plus élevés. Concernant l’AM exclusif, il a le moins diminué chez les mères ayant accouché dans une maternité « Baby Friendly », de niveau III et qui étaient privées et, à l’inverse, a le plus diminué dans les départements où le pourcentage d’immigrés est le plus important.
Une augmentation de l’allaitement mixte chez certaines populations de femmes
De façon contemporaine, l’allaitement mixte a augmenté en France dans les populations de femmes nées à l’étranger et surtout de pays africains, dans les ménages à faible revenu, avec plus de deux enfants et qui ont subi une césarienne.
Conclusion
Ainsi, il apparaît que le lieu d’accouchement et ses modalités sont fortement associés au choix ou non d’allaiter et que les facteurs associés à ces choix changent rapidement dans le temps.
Comprendre ces déterminants est important pour ajuster les programmes de promotion et de soutien à l’allaitement maternel.
RÉFÉRENCES
Guajardo-Villar A, Demiguel V, Smaïli S et al. Trends and disparities in breastfeeding initiation in France between 2010 and 2016: Results from the French National Perinatal Surveys. Matern Child Nutr 2022 ; 18 : e13410. doi: 10.1111/mcn.13410.