Exposition aux substances chimiques et apport en minéraux
L’alimentation est la source d’un grand nombre de nutriments mais est également vectrice de diverses substances chimiques potentiellement toxiques. L’ANSES a donc lancé, il y a six ans et à l’échelle nationale, une Étude de l’Alimentation Totale infantile (EAT i), les tout-petits étant une population particulièrement sensible. L’agence a publié, le 28 septembre 2016, les résultats de cette étude destinée à surveiller l’exposition aux contaminants des enfants de 0 à 3 ans et à examiner la couverture de leurs besoins en minéraux et oligoéléments. Plus de 95 % de leur régime alimentaire ont ainsi été explorés, qu’il s’agisse d’aliments courants ou d’aliments spécifiques dédiés aux enfants en bas âge comme les laits infantiles, les laits de croissance, les petits pots, les petits plats et les céréales infantiles. Ainsi, 670 contaminants ont été analysés et le risque a pu être évalué pour 400 d’entre eux. L’analyse a concerné, par exemple, des résidus de pesticides, des additifs, des polluants organiques persistants (PCB, furanes et dioxines), des mycotoxines, des substances issues des matériaux au contact des denrées (MCDA), des composés néoformés lors de la préparation des aliments (acrylamide, furane), ou des éléments traces métalliques et minéraux.
Un taux maîtrisé pour 90 % des contaminants
L’ANSES a pu conclure, suite à cette étude, qu’il existe un bon niveau de maîtrise sanitaire pour 90 % des substances évaluées par rapport aux seuils toxicologiques de référence. La couverture des besoins nutritionnels en minéraux et oligoéléments a été globalement jugée satisfaisante. Toutefois, l’agence a relevé 16 substances à surveiller, dont 9 de manière prioritaire, en raison d’un taux trop élevé.
Certains excès ou carences en minéraux et oligoéléments ont également été relevés notamment en calcium, fer et zinc.
Les recommandations de l’ANSES
La diversification alimentaire et la consommation de lait courant s’accompagnent d’une exposition plus importante aux contaminants que la consommation de préparations infantiles. L’ANSES rappelle pour la sécurité des enfants :
– qu’il est préférable de ne débuter la diversification qu’à partir de six mois mais jamais avant 4 mois (1),
– qu’il faut ensuite varier les sources d’approvisionnement (1),
– que le lait courant n’est pas adapté aux besoins nutritionnels de l’enfant quelle que soit l’espèce animale productrice. Seuls le lait maternel ou les préparations infantiles permettent de couvrir les besoins des nourrissons.
Pour contrer plus généralement l’exposition des enfants à ces 9 substances, l’agence recommande :
– la mise en place d’une politique de maîtrise des rejets environnementaux et des procédés de fabrication
– une fixation de seuils règlementaires pour ces substances ou la diminution de ces seuils.
Elle pointe également la nécessité de procéder à des études complémentaires pour en savoir plus sur le risque encouru lors de l’exposition à ces substances.
Les 9 contaminants déjà surveillés dans les aliments infantiles spécifiques
D’après l’ANSES, les 9 substances à surveiller en raison de taux supérieurs aux valeurs toxicologiques de référence relevés lors des prélèvements effectués en 2011 sont l’arsenic inorganique, le plomb, le nickel, les polluants organiques persistants (polychlorodibenzofurane et polychlorodibenzo-p-dioxines PCDD/F), les polychlorobiphényles (PCB), les mycotoxines T-2 et HT-2, l’acrylamide, le déoxynivalénol (DON) et le furane.
Ces 9 contaminants font déjà l’objet d’une surveillance accrue dans les aliments infantiles par l’intermédiaire de recommandations spécifiques intégrées au règlement général des contaminants (2), de règlements dédiés aux aliments de l’enfance ou de valeurs indicatrices (3) (4).
Ainsi certains contaminants chimiques, polluants organiques ou migrants d’emballage ne doivent pas dépasser une teneur réglementaire maximale autorisée inférieure à celle définie pour les aliments courants. La liste des additifs et des pesticides tolérée est réduite pour les denrées alimentaires destinées aux enfants en bas âge. Il existe également des critères réglementaires plus stricts pour les microorganismes et l’obligation de plans d’échantillonnage plus importants concernant les tests microbiologiques.
De plus, la règlementation européenne s’est durcie depuis la date des prélèvements en 2011, indiquant de nouveaux seuils autorisés ou diminuant les anciens, notamment pour l’arsenic inorganique, les mycotoxines et l’acrylamide (5) (6) (7). Les teneurs maximales indiquées sont toujours plus faibles dans les aliments infantiles que dans les aliments courants.
RÉFÉRENCE
1. Programme national de nutrition santé
2. Règlement CE n° 1881/2006
3. Directive 2006/125/CE
4. Directive 2006/141/CE
5. Règlement UE n° 2015/1006
6. Règlement CE n° 2013/165
7. Règlement CE n° 2013/647