Un apport assuré par l’alimentation lactée du nourrisson
Les lipides doivent représenter 45 à 50 % de l’énergie apportée par le lait maternel ou les formules infantiles. Ils participent tant par leur rôle structurel que par leur apport énergétique au développement et à la croissance de l’enfant.
Pourquoi l’apport en lipides est-il important ?
En plus de leur rôle énergétique (capacité à générer l’adénosine triphosphate [ATP], constitution de réserves énergétiques), les lipides ont un rôle capital dans le développement et la croissance de l’enfant, notamment au niveau neurosensoriel. Le développement cérébral est bien sûr très intense durant les premiers mois et années de vie mais se poursuit bien au-delà, jusqu’à l’âge adulte.
Chez le nourrisson, jusqu’à 4-6 mois, cet apport qualitatif et quantitatif se fait exclusivement par le lait maternel ou par les formules infantiles (si la mère ne veut ou ne peut allaiter). Puis chez l’enfant plus grand, et même pendant les étapes de diversification, les apports lactés restent une source majeure d’acides gras, notamment grâce au lait de croissance.
Les acides gras : composants les plus importants du tissu cérébral !
50 à 60 % de la masse sèche d’un cerveau adulte est constituée de graisses, mais cette accumulation d’acides gras est particulièrement intense au cours de la grossesse, puis lors des premiers mois de vie.
Les acides gras polyinsaturés (AGPI) à longues chaînes, notamment ceux de la famille des omégas 3 comme l’acide docosahexaénoïque (DHA) et de la famille des omégas 6 comme l’acide arachidonique (AA), ont un rôle majeur dans le développement des cellules nerveuses et des membranes synaptiques.
Leurs concentrations très élevées dans certaines zones cérébrales suggèrent qu’ils pourraient affecter en particulier le développement des circuits cérébraux impliqués dans l’intégration sensitivomotrice, de la rétine (cellules en bâtonnets), de la mémoire ou de l’attention.
Quels sont les besoins ?
Chez le nourrisson et le jeune enfant jusqu’à 3 ans, il est recommandé de maintenir une ration lipidique aux alentours de 45 à 50 % des apports. Ensuite, la ration en lipides recommandée diminue jusqu’à 30-35 % chez le grand enfant et l’adolescent.
Les AGPI à longues chaînes précurseurs des séries ω 3 et ω 6, les DHA et AA, ne peuvent pas être synthétisés par l’organisme ; ce sont des acides gras dits essentiels (AGE). Leur apport doit donc être exogène, sous forme de ces précurseurs, mais aussi de leurs dérivés, la capacité de conversion des précurseurs chez les nouveau-nés et les jeunes nourrissons étant insuffisante pour couvrir leurs besoins (figure 1).
Les apports conseillés en acides gras essentiels, en pourcentage de l’apport énergétique, sont détaillés dans le tableau 1.
Quel est le profil lipidique des laits maternel et infantiles ?
Les lipides doivent représenter 45 à 50 % de l’énergie apportée par le lait maternel et les formules infantiles. Le profil lipidique du lait maternel est assez complexe : on trouve plus de 160 acides gras différents. Les formules infantiles tentent de s’en rapprocher au mieux.
- Les acides gras polyinsaturés et les AGE sont présents dans le lait maternel et dans les préparations infantiles (selon la réglementation européenne) (tableau 2).
- Parmi les acides grasmono-insaturés, l’acide oléique est le plus fréquemment retrouvé et compte pour au moins 1/3 des acides gras présents dans le lait maternel. Avec le lactose, l’acide oléique est la source énergétique principale du lait maternel. Certains de ses dérivés sont eux aussi impliqués dans les processus de maturation cérébrale.
- Les acides gras saturés sont abondants dans le lait maternel et les préparations pour nourrissons, l’acide palmitiqueétant le plus fréquent (20 à 25 % des acides gras totaux du lait maternel). Son absorption est optimale du fait d’une situation préférentielle en liaison au carbone 2 dans le lait maternel et il représente 10 % de la ration énergétique. Les acides gras saturés à très longues chaînes sont également retrouvés en faible quantité (mais ils ont un rôle important dans le développement neuronal) ainsi que les triglycérides à chaînes moyennes qui ont l’avantage d’être facilement absorbés mais ont moins de rôles structurels.
- Le cholestérol est également présent dans le lait maternel (0,2 à 0,6 % des lipides) et de façon moindre dans les préparations infantiles. Il faut rappeler le rôle du cholestérol dans la structure des membranes cellulaires, comme précurseur hormonal, de la vitamine D et dans le développement cérébral.
POUR EN SAVOIR PLUS
– Agostini C. Role of long-chain polyunsaturated fatty acids in the first year of life. J Pediatr Gastroenterol Nutr 2008 ; 47 (suppl 2) : S41-44.
– Diau GY et al. The influence of long chain polyunsaturate supplementation on docosahexaenoic acid and arachidonic acid in baboon neonate central nervous system. BMC Medicine 2005 ; 3 : 11.
– AFSSA. Avis de l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments relatif à l’actualisation des apports nutritionnels conseillés pour les acides gras. Saisine n° 2006-SA-0359. 2010.
– Jensen RG et al. Lipids of human milk and infant formulas: a review. Am J Clin Nutr 1978 ; 31 : 990-1016.
– Ballard O et al. Human milk composition: nutrients and bioactive factors. Pediatr Clin North Am 2013 ; 60 : 49-74.