Lors des premières années de vie, la croissance de l’enfant est extrêmement rapide.
Cette croissance va de pair avec l’acquisition de compétences motrices, intellectuelles et relationnelles. Elle est possible grâce à une alimentation adaptée tant sur le plan quantitatif que qualitatif. Classiquement, on distingue les macronutriments et les micronutriments.
Les macronutriments représentent les apports caloriques totaux et sont la source principale d’énergie de l’organisme. On distingue les protéines, les glucides et les lipides. Ils sont également le composant principal des tissus.
Les micronutriments sont tout aussi essentiels. Ils ne contribuent pas aux apports caloriques mais sont déterminants pour la vie et la santé d’un individu. Ces micronutriments comprennent principalement les vitamines et les minéraux.
Durant les 6 premiers mois de vie, le lait maternel, riche en vitamines et minéraux, permet de couvrir les besoins en la plupart des micronutriments nécessaires à la croissance du nourrisson, même si des apports complémentaires peuvent être nécessaires.
Indispensables fer et zinc
Il est vrai que le lait maternel est relativement pauvre en fer et en zinc. Le fer est un nutriment essentiel à l’hémoglobine et à la synthèse de nouveaux tissus. Il est aussi indispensable au bon fonctionnement immunitaire et du système nerveux. Bien qu’en faible quantité dans le lait maternel, son absorption est très bonne et permet, couplée aux réserves faites au cours du troisième trimestre de grossesse, de couvrir les besoins jusqu’au début de la diversification.
En revanche, en l’absence d’apports complémentaires au-delà de l’âge de 6 mois, les risques de carence augmentent sensiblement, soulignant l’importance d’une diversification bien menée à partir de 4-6 mois.
Le zinc joue un rôle central dans la différenciation cellulaire, notamment au niveau de tissus à renouvellement rapide comme les systèmes immunitaire ou gastro-intestinal. Tout comme le fer, son absorption à partir du lait maternel est bonne, permettant de couvrir les besoins durant les premiers mois de vie.
Vitamines D et K
À l’inverse, il est recommandé, afin de prévenir du rachitisme, de supplémenter l’enfant en vitamine D de façon quotidienne. Les recommandations européennes sur lesquelles la France va prochainement s’aligner sont de 400 UI/jour chez l’enfant (0-18 ans) en bonne santé sans facteur de risque et de 800 UI/jour chez l’enfant avec facteur de risque. À l’instar de la vitamine D, le lait maternel est pauvre en vitamine K, vitamine indispensable aux facteurs de coagulation. Ainsi, une supplémentation à la naissance (le plus souvent 1 mg en IM chez l’enfant à terme à la naissance) est systématique afin de prévenir la maladie hémorragique du nouveau-né.
Iode et vitamine B12
L’apport de certains nutriments par le lait maternel est fortement dépendant de l’alimentation de la maman. C’est le cas de l’iode, dont la carence précoce peut entraîner hypothyroïdie et crétinisme. Il est recommandé une consommation de 200 µg/jour d’iode, ce qui est habituellement le cas avec du sel enrichi en iode. C’est aussi le cas de la vitamine B12, apportée uniquement par les produits animaux, causant un risque de carence pour les enfants allaités par des femmes végétaliennes non supplémentées. Pour rappel, les besoins chez la femme allaitante sont de 5 µg/jour.
Calcium
En particulier, le calcium, le phosphore et la vitamine D sont indispensables à la croissance osseuse. Le calcium est majoritairement présent dans le lait, les yaourts, fromages et végétaux. Ainsi, la diversification s’accompagne du maintien d’apports lactés, dont la nature (lait maternel, préparation de suite ou lait de croissance) dépend de l’âge et de la poursuite ou non de l’allaitement maternel. Chez l’enfant entre 6 et 12 mois, les apports recommandés sont de 280 mg/jour puis augmentent à 450 mg/jour à partir de la 2e année.
Phosphore
Le phosphore, quant à lui est relativement ubiquitaire. On en trouve dans les céréales, les œufs, le poisson, le lait, le fromage, la viande. Ainsi, les carences nutritionnelles en phosphore sont exceptionnelles. Les recommandations d’apport sont de 160 mg/jour chez le nourrisson de 6-12 mois puis de 250 mg/jour chez l’enfant plus grand.
Vitamine D
La vitamine D est produite par la peau après exposition solaire en plus de l’apport oral. On trouve de la vitamine D dans l’huile, le poisson, les œufs, le beurre et bien sûr dans le foie de morue autrefois fréquemment donné aux enfants. Les besoins sont de 10 µg/jour jusqu’à 12 mois puis augmentent à 15 µg/jour. Au-delà de 1 an, une part non négligeable des enfants sont carencés (Données INCA 3), d’où l’importance d’une bonne diversification, dans laquelle le lait de croissance peut avoir sa place.
Vitamine A
D’autres vitamines, comme la vitamine A, C ou les vitamines B sont des nutriments indispensables au bon fonctionnement de l’organisme et à la croissance. On trouve de la vitamine A dans la viande, le poisson, les œufs et dans les légumes sous forme de pro-vitamine. La carence en vitamine A est rare en l’absence de pathologie sous-jacente dans les pays anciennement dits « développés ». Cette carence peut être à l’origine de lésions conjonctivales, de kératites, voire de cécité sur destruction de la chambre antérieure de l’œil en l’absence de prise en charge précoce. À l’inverse, la surcharge en vitamine A peut être à l’origine de lésions hépatiques. Il faut donc être vigilant en cas de supplémentation orale.
Vitamine C
La vitamine C, quant à elle, est un co-facteur de nombreuses réactions enzymatiques et a un rôle anti-oxydant. On la trouve essentiellement dans les végétaux. La carence en vitamine C est à l’origine du scorbut, maladie bien connue, heureusement devenue rare. Le scorbut se manifeste par une perte de poids, une fatigue, des douleurs articulaires et plus spécifiquement une atteinte des gencives avec saignement. En l’absence de traitement, on voit apparaître des hématomes multiples classiquement au niveau des jambes, des chutes de dents, des difficultés de cicatrisation, et des hémorragies viscérales. Les apports adéquats sont de 20 mg/jour chez l’enfant avant 3 ans.
Vitamines B
Les vitamines B sont des vitamines hydrosolubles impliquées dans de très nombreuses voies métaboliques. L’être humain ne peut pas synthétiser les vitamines B, elles doivent donc être apportées par l’alimentation. On trouve les vitamines B dans les oléagineux, les céréales complètes, les légumes verts, les fruits secs, etc. Des aliments d’origine animale sont cependant nécessaires pour subvenir aux besoins de vitamine B12. De façon générale, le déficit d’une des vitamines du groupe B est souvent suivi par une carence dans une autre vitamine du même groupe.
À partir de 6 mois : la diversification en prévention des carences
Au-delà de l’âge de 6 mois, le lait maternel seul n’est plus suffisant pour couvrir les besoins du nourrisson et son alimentation doit être complétée par une alimentation solide. Cette période de diversification est importante car elle sera le socle de l’alimentation future de l’enfant et nous avons de plus en plus d’arguments qui montrent que l’alimentation a un rôle dans le développement de pathologies ultérieures, métaboliques ou cancéreuses par exemple. Les parents doivent être informés sur l’importance de proposer une diète variée, pauvre en sel et en sucres rapides et adaptée en qualité, quantité et texture à chaque étape du développement. Le régime alimentaire et le suivi de la croissance sont des points essentiels lors du suivi du nourrisson et du jeune enfant. C’est aussi l’occasion de dépister des troubles du comportement alimentaire comme des alimentations sélectives, restrictives ou déséquilibrées.
Varier l’alimentation à partir de 4-6 mois
Une alimentation variée permet d’apporter les micronutriments indispensables à la poursuite de la croissance.
Au total, il convient d’être attentif à la diversité et la qualité des régimes alimentaires du nourrisson et du jeune enfant. Les troubles alimentaires chez l’enfant sont fréquents et peuvent nécessiter la recherche de carence en cas de déséquilibre important et prolongé de l’alimentation des enfants.
RÉFÉRENCES
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3. www.anses.fr/fr/content/iode
4. ansm.sante.fr/actualites/vitamine-d-chez-lenfant-recourir-aux-medicaments-et-non-aux-complements-alimentaires-pour-prevenir-le-risque-de-surdosage
5. Bzikowska-Jura A, Sobieraj P, Michalska-Kacymirow M, Wesołowska A. Investigation of Iron and Zinc Concentrations in Human Milk in Correlation to Maternal Factors: An Observational Pilot Study in Poland. Nutrients 2021 ; 13 : 303. doi: 10.3390/nu13020303.
6. EFSA Panel on Dietetic Products, Nutrition and Allergies. Scientific Opinion on Dietary Reference Values for zinc. EFSA Journal 2014 ; 12 : 3844.