La prématurité représente environ 7 % des naissances en France. Des consensus existent sur les modalités d’alimentation et de supplémentation nutritionnelle lors de l’hospitalisation des bébés nés prématurément mais la prise en charge nutritionnelle ultérieure est beaucoup moins codifiée. Il n’y a notamment pas de lignes directrices universelles sur les modalités de diversification des anciens prématurés. Celle-ci devra tenir compte du degré de prématurité, des complications en lien avec la prématurité, du mode d’alimentation préalable, d’éventuelles difficultés alimentaires, etc.
Dans sa revue narrative publiée en 2021, Ilardi et al. reviennent sur certains micronutriments particulièrement importants dans le développement de l’ancien prématuré et pour lesquels il y a un risque de carence.
Prématurés : Supplémentation en fer
Les prématurés en fonction de leur terme de naissance sont carencés en fer, du fait de l’absence de constitution de réserves au cours du troisième trimestre, des ponctions sanguines répétées et parfois d’une carence maternelle lors de la grossesse. Certains facteurs comme le clampage retardé du cordon améliore le statut en fer mais il est recommandé de supplémenter en fer les prématurés de la façon suivante :
En cas d’allaitement maternel, de très petits poids de naissance ou d’une ferritine basse, ces apports peuvent être augmentés à 3-4 (max 6) mg/kg/jour. À l’inverse, en cas de ferritine élevée, de transfusions multiples, cette supplémentation peut être revue à la baisse afin d’éviter une surcharge martiale.
Prématurés : Supplémentation en zinc
Les concentrations sanguines de zinc diminuent chez le prématuré lors des premiers mois de vie, aboutissant à des taux à 40 SA (semaines d’aménorrhée) plus bas chez l’ancien prématuré que chez le nouveau-né à terme en l’absence de supplémentation. Bien que le dosage sanguin du zinc soit un biomarqueur imparfait du statut en zinc, c’est le meilleur dont nous disposons. En cas de signes cliniques de carence en zinc (notamment en cas de signes cutanés ou de retard de croissance), il est conseillé de faire un dosage sanguin du zinc.
Prématurés : Prévenir le risque osseux
Les prématurés sont à haut risque d’ostéopénie. En effet, la minéralisation osseuse contemporaine d’un passage transplacentaire important de calcium et de phosphore de la mère à l’enfant est intense lors du troisième trimestre de grossesse et ce processus est interrompu en cas de naissance prématurée. Ce phénomène est amplifié par d’autres facteurs comme le recours à des médicaments augmentant l’excrétion de calcium (comme le furosémide) et une immaturité digestive limitant son absorption. Les apports parentéraux de calcium sont bien codifiés pour pallier ce risque de carence. Au cours de l’hospitalisation, il est préconisé de donner du lait maternel (l’absorption du calcium du lait maternel étant optimale) ou une formule infantile pour prématuré. À la sortie de la maternité, la supplémentation recommandée par l’ESPGHAN est de 70-140 mg de calcium/100 kcal et de 50-86 mg de phosphore pour 100 kcal. Il n’y a en revanche pas de consensus sur le monitoring du statut phospho-calcique et pas de recommandation systématique de suivi biologique. Ilardi et al. proposent un dosage du calcium sérique, du phosphore, des phosphatases alcalines, de la parathormone et de la vitamine D chez les très grands prématurés dans les premières semaines après le retour à domicile.
Prématurés : Supplémentation en vitamine D
Le statut du nouveau-né en vitamine D est directement dépendant de celui de sa mère. Tous les nouveau-nés nécessitent une supplémentation orale, les apports par le lait maternel ou les formules infantiles étant insuffisants, ce d’autant que l’exposition de la peau au soleil est limitée dans les premiers mois de vie. Les recommandations actuelles des sociétés savantes se trouvent dans le tableau ci-dessous.
Tout comme le nourrisson né à terme, les apports alimentaires et la croissance de l’enfant prématuré doivent être monitorés de près. Le planning nutritionnel dépend de la vitesse de croissance, des comorbidités, de l’histoire clinique de chaque enfant.
RÉFÉRENCES
1. Ilardi L, Proto A, Ceroni F et al. Overview of Important Micronutrients Supplementation in Preterm Infants after Discharge: A Call for Consensus. Life 2021 ; 11 : 331.