Yang S et al. ont récemment publié un article intéressant sur les apports recommandés en sel chez le nourrisson dans les Archives de Pédiatrie (1). Cet article est original et met en lumière la difficulté à émettre des recommandations nutritionnelles sur des apports en minéraux aussi habituels que le sel.
La plupart des sociétés savantes et autorités de santé dans le monde, en particulier l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), recommandent de ne pas rajouter de sel ou de condiments salés dans les préparations infantiles. En 2020, les guidelines américaines ont nuancé ce propos et demandent uniquement d’éviter les aliments ayant des niveaux élevés de sodium, notamment certains snacks salés, les aliments commerciaux pour les nourrissons et les viandes transformées.
Arguments pour limiter les apports en sel
Actuellement, les quatre arguments pour limiter les apports en sel des nourrissons sont les suivants :
- le sel « pourrait endommager le développement des reins » ;
- le sel « pourrait prédisposer à l’hypertension artérielle » ;
- le sel « pourrait les amener à préférer les aliments salés plus tard dans la vie » ;
- « les aliments contiennent suffisamment de sodium pour répondre aux besoins physiologiques des enfants pendant cette période ».
Les auteurs de cette revue narrative ont décortiqué chacun de ces arguments à la lumière des données de la littérature. Il n’apparaît qu’aucune de ces affirmations n’est validée par les données actuelles. En effet, les reins des enfants âgés de 6 à 12 mois ont une capacité d’excrétion de sodium adéquate. Il n’y a pas suffisamment de preuves que la consommation élevée de sel chez le nourrisson puisse entraîner une hypertension ou une préférence pour les aliments salés à l’âge adulte. Enfin, le lien entre la consommation de sel durant l’enfance et la survenue de complications cardiovasculaires ou rénales à l’âge adulte est débattu.
Recommandations ?
Établir des recommandations fiables sur la quantité précise nécessaire d’apports en sel est complexe, car les études chez le nourrisson sont difficiles à mener. Plusieurs pays ont émis des recommandations. Cependant, en Europe, l’EFSA (European Food Safety Authority) ne propose aucune recommandation nutritionnelle chez le nourrisson (multimedia.efsa.europa.eu/drvs/index.htm) et indique, en l’absence de données suffisamment solides, le message suivant : « Apport satisfaisant et sans danger : NA ».
Conclusion
Ainsi, même si les apports en sel sont sans doute à contrôler, ne tombons pas dans l’excès de restriction salée, ce d’autant que l’alimentation doit rester un plaisir, le sel étant un exhausteur de goût. Les nourrissons sont actuellement, et à l’inverse des nourrissons inclus dans d’anciennes études, soient allaités ou soient alimentés avec une formule infantile dont les teneurs en sel sont très réglementées. À l’inverse, les nourrissons de 6 à 12 mois peuvent être à risque de faible consommation de sodium, autour de 150 à 300 mg de sodium par jour, ce qui pourrait être insuffisant en l’absence de sel dans le reste de l’alimentation.
RÉFÉRENCES
1. Yang S, Wang H. Avoidance of added salt for 6-12-month-old infants: A narrative review. Arch Pediatr 2023 ; S0929-693X(23)00156-2.