Pour aider les parents dans leurs choix d’une alimentation adaptée à leur enfant de 0 à 3 ans et leur apporter des conseils pratiques, la norme AFNOR NF V90-001 a été mise en place et un logo a été créé pour repérer les aliments.
Des besoins nutritionnels méconnus
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a rappelé que les études scientifiques prouvent que la biologie et la génétique ne décident pas du destin et que les soins et aliments des 1 000 premiers jours de vie ont une importance capitale sur la santé future (1). L’OMS recommande l’allaitement exclusif au sein pendant les 6 premiers mois et l’introduction, à l’âge de 6 mois, d’aliments de complément (solides) sains et satisfaisants sous l’angle nutritionnel, parallèlement à la poursuite de l’allaitement jusqu’à l’âge de 2 ans et au-delà (2).
Mais les parents sont souvent démunis quant aux besoins nutritionnels précis de leurs bébés : quantités, aliments recommandés ou non, conséquences d’apports inadéquats, etc. Par exemple, un excès de protéines peut entraîner une fatigue rénale (3), augmenter le risque de surpoids ou d’obésité (4).
Peu de parents savent pourtant la quantité recommandée pour leur enfant (Tab. 1) et l’équivalent dans l’assiette. Les apports nutritionnels conseillés en protéines sont, entre 1 et 3 ans, de 10 à 13 g/j environ (5), soit environ un œuf, 50 g de jambon ou encore 60 g de poisson blanc (6).
Autre exemple, le sel consommé en quantité trop importante (qu’il soit présent naturellement ou ajouté) n’est pas sans conséquence sur l’habitude pour un enfant de manger salé avec des répercussions sur les reins et la pression artérielle à l’âge adulte. Plus de 95 % des enfants de plus d’un an ont des apports supérieurs aux recommandations européennes, notamment lorsque les aliments courants sont introduits dans l’alimentation de l’enfant, les aliments spécifiques bébé contenant très peu de sel (7).
Pourquoi une nouvelle norme ?
La norme a été élaborée suite à deux constats :
– Les craintes des parents liées à la méconnaissance des exigences s’appliquent aux aliments tout prêts destinés aux tout-petits ; Et un risque de faire consommer à bébé des aliments formulés pour les adultes.
– l’étude Nutri-Bébé SFAE 2013 (8) a montré une rupture dans le choix des aliments vers l’âge d’un an. Les parents considèrent que leur enfant est un « mini » adulte, le choix des aliments ne se porte plus exclusivement sur les aliments spécifiques pour les tout-petits, mais également sur les aliments courants, qui peuvent être inadaptés aux besoins des enfants en bas âge.
Des réglementations aux niveaux européen et français
Chaque type d’aliments destinés à un enfant de moins de 3 ans est régi par des réglementations européennes ou françaises pour assurer la qualité et la sécurité des aliments qui sont proposés aux organismes immatures et fragiles des plus petits.
Elles définissent la composition nutritionnelle des aliments et les seuils de sécurité des composants potentiellement nuisibles.
Une sécurité accrue
Les acteurs qui souhaitent proposer des aliments destinés aux moins de 3 ans doivent donc suivre les recommandations nutritionnelles officielles, en particulier pour la composition en protéines, lipides, sel, sucre, vitamines et minéraux.
Contrairement aux aliments courants, ils ont également des interdictions d’utilisation de certains produits (conservateurs, colorants, édulcorants, arômes artificiels, hormones, etc.), des restrictions dans l’utilisation d’additifs (53 autorisés contre 400 pour l’alimentation courante), un seuil autorisé bien plus faible que ceux des aliments courants pour les nitrates et les pesticides (10 fois plus faible pour les nitrates et jusqu’à 500 fois pour certains pesticides), mais aussi les métaux lourds, une surveillance microbiologique plus stricte ou encore l’interdiction de certains phtalates dans les emballages, car identifiés comme perturbateurs endocriniens, etc.
Nouvelle norme dans les aliments de l’enfance
Ces règles strictes sont méconnues des parents qui ne savent parfois pas comment choisir les aliments destinés à leur progéniture. Mieux faire connaître ces règles est l’un des objectifs de la norme AFNOR Alimentation infantile. Le deuxième objectif de cette norme est de faire de la pédagogie sur la bonne conduite de l’alimentation du tout petit et du jeune enfant. Il s’agit, par un logo (Fig. 1) et un site internet (www.alimentationdutoutpetit.fr), d’indiquer aux parents et professionnels de la petite enfance quels sont les aliments préparés ou bruts qui ont une fabrication ou une culture qui entrent dans les critères (de qualité et de sécurité) de la réglementation des aliments de l’enfance. Le site internet comprend également des recommandations nutritionnelles dont le contenu a été validé par le ministère de la Santé (via le Plan national nutrition et santé, PNNS).
La commission AFNOR qui a élaboré cette nouvelle norme a réuni industriels, pouvoirs publics, associations de consommateurs et professionnels de santé. La norme a été publiée en décembre 2017, après 2 années de travaux et une enquête publique.
Cette nouvelle norme, simple à identifier, permet aux professionnels de santé comme aux parents de faciliter le choix des aliments qui ont fait l’objet d’une attention particulière pour répondre aux besoins de leurs enfants en bas âge. Ce logo sera visible sur les produits courant 2018.
Le site internet apporte également des informations sur les besoins des enfants, l’environnement du repas ou encore le comportement parental à adopter en cas de difficultés alimentaires par exemple. Ce site a pour objectif d’être un complément d’information ludique des recommandations des pédiatres et médecins qui suivent les enfants. L’ensemble des informations dispensées sur ce site est issu de sources officielles c’est pourquoi les parties concernant les recommandations nutritionnelles ont été validées par le ministère de la Santé au travers de l’obtention du logo PNNS.
Site internet : http://www.alimentationdutoutpetit.fr/
Conditions de la norme
Le logo de la norme AFNOR Alimentation infantile peut être diffusé sur les produits industriels destinés aux 0-3 ans, mais aussi sur les produits bruts destinés au « fait-maison ». L’affichage du logo garantit :
– que les réglementations sont suivies (critères de sécurité et de nutrition),
– que l’industriel ou le producteur délivre conseils pratiques et informations sur l’alimentation spécifique des 0-3 ans, notamment en indiquant le site internet associé.
Sont concernés par la norme : les produits prêts à consommer par les 0-3 ans, les produits destinés à la préparation des repas et potentiellement les produits bruts pour lesquels les règles de sécurité et de conformité sont remplies.
La norme est attribuée par autodéclaration de la part du professionnel.
En cas de non-respect, les sanctions relèvent du Code de la consommation en cas de tromperie du consommateur.
RÉFÉRENCES
1. OMS. Multicentre Growth Reference Study Group. Geneva: World Health Organization, 2006.
2. OMS. http://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/infant-and-young-child-feeding
3. Escribano J et al. Kidney Int 2011 ; 79 : 783-90.
4. Weijs PJ et al. Nutr J 2011 ; 10 : 95.
5. Actualisation des repères du PNNS, Avis de l’Anses, 2016
6. AFSSA. Apport en protéines, 2007.
7. Nutrition de l’enfant. Enquête Nutri-bébé. Avril 2015 ; 12 : 1-4.
8. Étude Nutri-Bébé SFAE 2013 – TNS Sofres.