Les effets bénéfiques des oméga-3 et oméga-6 sont bien étudiés (1). Ces acides gras polyinstaturés à très longues chaînes (AGPI-LC) — représentés essentiellement par l’acide docosahexaénoïque (DHA) et l’acide eicosapentaénoïque (EPA) pour les w-3, et l’acide arachidonique (AA) pour les w-6 — sont synthétisés à partir de deux acides gras essentiels, les acides linoléique (AL) et alpha-linolénique (AAL), naturellement présents dans le lait maternel. Éléments clés des membranes cellulaires, la concentration en DHA et AA est importante au niveau cérébral et rétinien (DHA : 30 à 40 % de la matière grise cérébrale et des photorécepteurs rétiniens). Cette accumulation cérébrale en w-3 et w-6 commence dès le 3e trimestre de la grossesse, continue de façon intense la 1re année de vie, puis de façon plus lente jusqu’à 30 ans. Assurer un apport adapté en w-3 et w-6 dans la petite enfance est donc primordial pour le développement cérébral et rétinien, mais pas seulement : il a été montré que les enfants supplémentés en DHA et AA ont moins d’infections respiratoires hautes ou de manifestations allergiques, et que la supplémentation en w-3 et w-6 diminue le risque cardiovasculaire à l’âge adulte.
L’Anses (2) a ainsi émis des recommandations, conformes à celles de l’ESPGHAN. Jusqu’à 6 mois (pour 100 ml de lait infantile reconstitué, 70 kcal et 3,4 g de lipides totaux) : apport en AL de 2,7 % des apports énergétiques (AE), en AAL 0,45 % des AE, en AA et DHA 0,5 et 0,32 % des AG totaux, et apport en EPA faible < DHA. De 6 mois à 3 ans : apports en AL de 2,7 % des AE, en AAL de 0,45 % des AE, et en DHA de 70 mg/jour (pour AA et EPA, manque de données pour exprimer des recommandations). La législation (3) impose la présence des précurseurs AL et AAL dans les préparations pour nourrissons et de suite ; les laits de croissance suivent également cette composition.
Une étude multicentrique européenne a évalué les performances cognitives à 6 ans d’enfants nourris les premiers mois de vie par des formules infantiles enrichies ou non en AGPI-LC, ou allaités (groupe de référence) (4). Sur 376 nouveau-nés inclus, 235 ont pu être reconvoqués pour des tests d’attention et de traitement de l’information. Si les taux de bonnes réponses et le QI des enfants étaient identiques avec les formules enrichies ou non enrichies, les enfants ayant reçu des AGPI-LC étaient plus rapides à traiter l’information (résultats intermédiaires dans le groupe allaité). Ces résultats confirment le rôle cérébral des AGPI-LC dans le codage de l’information et la mémoire (stockage et extraction).
RÉFÉRENCES
1. Tai EK et al. An update on adding docosahexaenoic acid (DHA) and arachidonic acid (AA) to baby formula. Food Funct 2013 ; 4 :1767-75.
2. Anses. Actualisation des apports nutritionnels conseillés pour les acides gras. Rapport d’expertise collective. Mai 2011.
3. Arrêté du 11 avril 2008 relatif aux préparations pour nourrissons et aux préparations de suite.
4. Willatts P et al. Effects of long-chain PUFA supplementation in infant formula on cognitive function in later childhood. Am J Clin Nutr 2013 ; 98 (suppl) : 536S-42S.