Nutriments Revue #31

L’article « Impact of iodine supply in infancy and childhood » publié par Dominique Turck dans Current Opinion in Clinical Nutrition & Metabolic Care en 2024 fait le point sur les données de la littérature concernant les apports en iode.

L’iode : un micronutriment essentiel à surveiller

L’iode est un micronutriment essentiel à la synthèse des hormones thyroïdiennes. Le poisson, les œufs et les produits laitiers sont naturellement riches en iode. Le sel enrichi en iode est également une bonne source. En pratique, la carence comme l’excès d’iode sont délétères. Chez le nourrisson, cette carence est à l’origine d’hypothyroïdie, de goitre, de retard mental (crétinisme) et de mortalité infantile. À l’inverse, un excès d’iode lors de la grossesse peut également altérer le neurodéveloppement du nourrisson. Ces situations de carence ont largement diminué dans le monde depuis l’iodation universelle du sel ces 30 dernières années.

Les apports en iode chez les nourrissons

Les nourrissons exclusivement allaités ont les apports en iode du lait maternel, sa teneur dépendant de l’apport en iode de la mère. En parallèle, les nourrissons nourris exclusivement avec une formule infantile ont des apports en iode dépendant entièrement de la teneur en iode réglementée des formules pour nourrissons. Les données sur le statut en iode des nourrissons sont rares. Dans une étude de cohorte, les nourrissons allaités avaient un apport insuffisant en iode. Toutefois, une autre étude a mis en évidence des apports adéquats lorsque la mère consommait des suppléments en iode. Finalement, il apparaît que le statut en iode est très hétérogène dans le monde. Ainsi, même si l’iodation universelle du sel a permis une réduction spectaculaire des carences sévères en iode dans le monde, une carence légère à modérée persiste dans de nombreux pays et peut avoir des effets délétères sur la santé. Ces dernières années, il est même observé une augmentation de l’insuffisance de l’apport en iode dans les pays à revenu élevé.

Supplémentation : un équilibre à trouver

Cependant, l’une des principales limites pour évaluer correctement le statut en iode est l’absence d’un biomarqueur fiable permettant de classer ce statut au niveau individuel. Même dans les pays dits suffisants en iode, toutes les femmes enceintes et allaitantes, ainsi que leurs nourrissons, ne bénéficient pas toujours d’un apport suffisant. La question de la supplémentation systématique des femmes enceintes et allaitantes dans les régions présentant une carence légère à modérée en iode a été soulevée. Cependant, il n’existe pas encore de preuves claires pour soutenir cette supplémentation. Par ailleurs, un excès d’iode chez les femmes enceintes est délétère sur le développement neurologique des nourrissons. Ainsi, une supplémentation ciblée en cas d’apport insuffisant pourrait être plus adéquate.

 

Référence : Turck D. Impact of iodine supply in infancy and childhood. Curr Opin Clin Nutr Metab Care 2024 ; 27 : 259-65.