Contribuer aux besoins nutritionnels spécifiques du nourrisson à partir de 6 mois
Entre 6 et 12 mois, la croissance du nourrisson est rapide (en moyenne 11 g/j et 2 cm/mois). Il apprend à se tenir assis et debout, à marcher avec une aide ou seul, à tenir une cuillère et la porter à la bouche, à dire ses premiers mots… Son alimentation commence à être diversifiée, avec l’introduction des premiers aliments solides. Le lait demeure la base de l’alimentation de l’enfant (poursuite de l’allaitement maternel ou lait de suite) pour couvrir notamment ses besoins en calcium, fer et autres minéraux, en vitamines, en acides gras essentiels… Dans ce 1er numéro, “Nutrition de l’Enfant” a choisi de se pencher sur la première étape clé du nourrisson de 6 à 12 mois, qui succède à l’alimentation lactée exclusive.
Le lait maternel : de 0 à 6 mois ou plus (1, 2)
Le lait maternel est parfaitement adapté aux besoins du nourrisson. Il est recommandé de la naissance jusqu’à l’âge de 6 mois et peut être poursuivi au-delà. Sa composition nutritionnelle, tant sur le plan quantitatif (faible teneur en protéines, riche en glucides et acides gras essentiels), que qualitatif (protéines et lipides facilement absorbables pour le nourrisson) sert de modèle nutritionnel, à partir duquel sont élaborées les préparations lactées pour nourrissons. Il apporte aussi des facteurs immunoprotecteurs, module l’implantation de la flore bactérienne intestinale ; et l’allaitement favorise les interactions mère-enfant. Un nourrisson nourri de façon exclusive au lait maternel doit cependant avoir une supplémentation en vitamine D (de l’ordre de 400-800 UI/j) et en vitamine K (2 mg/sem, per os), tant que l’allaitement maternel est exclusif.
A partir de 6 mois : le lait de suite (3, 4)
En relais de l’allaitement maternel ou du lait 1er âge, les préparations de suite (laits 2e âge) sont recommandées à partir de l’âge de 6 mois, et ce, jusqu’à l’âge de un an. Le lait de vache n’est pas conseillé avant l’âge de un an : il est trop riche en protéines et insuffisamment riche en acides gras essentiels, en certaines vitamines, fer et autres minéraux (pour les mêmes raisons, entre un an et jusqu’à 3 ans, le lait de croissance prendra le relais du lait 2e âge).
Quelle est leur composition ? (Tab. 1)
La composition des préparations de suite est soumise à une réglementation stricte récemment révisée (arrêté du 11 avril 2008). Ils sont conçus pour répondre aux besoins nutritionnels spécifiques des nourrissons de 6 à 12 mois, dans le cadre d’une alimentation progressivement diversifiée. Ils fournissent les nutriments essentiels, tels que protéines, glucides, lipides dont acides gras essentiels, vitamines, calcium, fer, zinc et autres minéraux… Tous les laits de suite apportent 13 vitamines et 13 minéraux.
- Le fer
La teneur recommandée est de 0,6 à 2 mg/100 kcal (0,4 à 1,3 mg/100 ml). Les besoins en fer à partir du 2e semestre de vie ont été évalués à 7 mg/jour. Cet apport est important, car c’est une période à risque de développer une carence martiale, voire une anémie ferriprive. Chez le nourrisson de plus de 6 mois non allaité, c’est l’apport en fer des préparations de suite qui assure majoritairement la couverture de ses besoins en fer.
Le lait infantile, en 2005, contribuait à 75 % des apports en fer à 6 mois, 60 % à 8-9 mois et 53 % à 10-12 mois (5) ; la viande, par exemple, contribue à moins de 1 % des apports en fer jusqu’à 10 mois, et 3 % entre 10 et 12 mois.
Tous les laits 2e âge sont enrichis en fer depuis le 1er janvier 2010.
- Les AG essentiels
Ils ne peuvent être apportés que par l’alimentation (voir leur rôle). La teneur en acide linoléique dans les laits de suite doit être de 300 à 1 200 mg/100 kcal (195-780 mg/100 ml) et celle de l’acide alpha-linolénique ne doit pas être inférieure à 50 mg/kcal (32,5 mg/100 ml).
- Les vitamines
Les préparations de suite apportent toutes 13 vitamines essentielles au développement du nourrisson, et notamment :
– de la vitamine D, indispensable à l’absorption et à la fixation du calcium. Elle intervient aussi dans l’absorption du phosphore. Il est toujours conseillé de poursuivre une supplémentation en vitamine D, à la hauteur de 400 à 800 UI/j per os chez le nourrisson. En plus des besoins en vitamine D, les nourrissons ont des besoins importants en calcium, estimés à 500 mg/j entre 6 et 12 mois. Au-delà de l’âge de 6 mois, ces apports sont bien couverts par le lait maternel ou par les laits de suite, associés à la diversification alimentaire ;
– de la vitamine A, qui intervient dans le développement des défenses immunitaires ;
– de la vitamine E, vitamine anti-oxydante importante dans la fonction cellulaire et mitochondriale.
A partir de quand et comment les utiliser ?
Le lait de suite est recommandé à partir de 6 mois, âge à partir duquel commence dans l’idéal la diversification (jamais avant 4 mois).
Un apport d’au moins 500 ml/j est recommandé. Par exemple, à 7 mois, les apports sont généralement de 3 biberons de 240 ml (le plus souvent le matin, à 16h et le soir), un laitage pour nourrisson pouvant éventuellement remplacer un demi-biberon à 16h.
A partir de 12 mois, l’enfant en bas âge doit conserver un apport lacté de 500 ml/j. Il est recommandé de ne pas dépasser 800 ml/j (autres produits laitiers compris). A cet âge, le lait de croissance peut prendre le relai du lait 2e âge, car l’enfant conserve des besoins spécifiques jusqu’à 3 ans.
En pratique, les laits de suite sont vendus sous forme liquide ou en poudre. Dans ce dernier cas, la reconstitution se fait en mélangeant une cuillère-mesure de lait en poudre avec 30 ml d’eau en suivant les instructions du fabricant (6).
Quand et comment diversifier ? (7, 8)
A partir de l’âge de 6 mois, les besoins nutritionnels des nourrissons ne sont plus suffisamment couverts par une alimentation lactée exclusive. Ils acquièrent aussi la capacité de mâcher et développent un intérêt pour la nourriture solide. La recommandation actuelle est d’introduire progressivement un à un les nouveaux aliments, entre 4 et 6 mois (jamais avant 4 mois).
En pratique :
- Les légumes et fruits mixés, préparés à la maison ou en petits pots, sont introduits en premier.
- Les produits laitiers, type petit-suisse (spécifiques bébé de préférence) et les viandes mixées, vers l’âge de 7 mois.
- Il est souvent conseillé de n’introduire œufs et poisson que vers 12 mois chez l’enfant ayant un terrain atopique, mais il n’y a pas de preuve solide montrant un effet bénéfique de leur introduction tardive.
- Le gluten est introduit entre 4 et 6 mois, même pour les enfants allaités. Selon l’EFSA, les données disponibles montrent que son introduction entre 4 et 6 mois diminue le risque de maladie cœliaque et de diabète de type 1. Pour les enfants allaités exclusivement, l’Autorité européenne de sécurité des aliments recommande l’introduction d’aliments pour bébé avec gluten “en petites quantités” pendant le maintien de l’allaitement, pour réduire ce risque. Par contre, ce risque augmente chez les bébés confrontés au gluten avant 4 mois.
Composition des laits de suite* : la sécurité garantie
La qualité nutritionnelle et la sécurité des aliments pour nourrissons et enfants en bas âge est extrêmement contrôlée. Ainsi, la fabrication des préparations infantiles répond à une réglementation stricte qui définit leur composition et les quantités nécessaires au bon développement de l’enfant en bonne santé (rappelées pour les laits de suite dans le tableau ci-contre). La sécurité alimentaire et les exigences concernant les conditions d’hygiène de production sont également garanties par la réglementation, beaucoup plus exigeante que celle imposée pour les “aliments courants” destinés aux plus grands. Pour assurer un niveau maximum de sécurité, les fabricants ont mis en place un triple verrou de sécurité : choix très sélectif des matières premières, surveillance rigoureuse des procédés de fabrication et contrôle de la production, des matières premières jusqu’au produit fini (aussi bien sur le plan nutritionnel que microbiologique ou chimique).
* Préparations de suite
POUR EN SAVOIR PLUS
1• Synthèse PNNS. Allaitement maternel : les bénéfices pour la santé de l’enfant et de sa mère (2005). Ministère de la Santé, Société Française de Pédiatrie.
2• Propositions d’actions pour la promotion de l’allaitement maternel. Rapport du Pr Dominique Turck. Juin 2010.
3• Afssa, Inpes. Programme National Nutrition Santé : Guide nutrition des enfants et ados pour tous les parents. Livret d’accompagnement destiné aux professionnels de santé, 2004.
4• Martin A. Apports nutritionnels conseillés pour la population française. Paris : Editions Tec & Doc, Lavoisier/Afssa, 2001, 3e ed.
5• Fantino M, Gourmet E. Apports nutritionnels en France en 2005 chez les enfants non allaités âgé de moins de 36 mois. Archives de Pédiatrie 2008 ; 15 : 446-55.
6• Fiche Anses. Comment bien préparer et transporter le lait infantile en toute sécurité.
7• Agostoni C, Decsi T, Fewtrell M et al. Complementary feeding: a commentary by the ESPGHAN Committee on Nutrition. J Pediatr Gastroenterol Nutr 2008 ; 46 : 99-110.
8• EFSA. Scientific opinion on the appropriate age for introduction of complementary feeding of infants. EFSA Journal 2009 ; 7 (12) : 1423.