Nutriments Revue #8

Un rôle métabolique majeur

Ces vitamines hydrosolubles, impliquées pour la plupart dans le métabolisme énergétique, sont essentielles pour le fonctionnement de notre organisme. En dehors de certaines pathologies ou situations particulières, les carences sont rares. Cependant, en dehors de la vitamine B12, notre organisme n’en assure que peu le stockage. Elles doivent donc être apportées régulièrement par l’alimentation. Les laits infantiles apportent toutes les vitamines du groupe B, dans des quantités réglementées (1) (Tab. 1).

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La vitamine B1

Elle est impliquée dans le métabolisme aéro- et anaérobie des sucres, et joue un rôle dans la fonction des membranes excitables et la génération des potentiels transmembranaires au niveau des axones. Il n’existe pas de forme de stockage. Elle doit donc être fournie par l’alimentation.

Elle est présente dans : les laits infantiles, le lait, les céréales (riz, blé), le soja, mais aussi les viandes, œufs, poissons. En cas de carence, les répercussions sont surtout neuropsychiatriques, les nerfs et le cerveau ayant un métabolisme presque exclusivement gluco-dépendant. On ne connaît pas d’hypervitaminose B1, tout excès d’apport étant éliminé dans les urines.

La vitamine B2

C’est le précurseur de la flavine adénine dinucléotide et la flavine mononucléotide, coenzymes participant à de nombreuses réactions d’oxydoréduction. Elles jouent un rôle dans le métabolisme des acides gras, de certains acides aminés, le cycle de Krebs et les réactions de la chaîne respiratoire.

Les apports se font essentiellement par la consommation de produits laitiers – dont les laits infantiles – puis, après la diversification, de viande, de poisson, d’œufs et, dans une moindre part, de fruits, légumes, céréales… La riboflavine étant largement répandue dans la nature, sa carence est exceptionnelle, mais elle peut survenir en cas d’apports nutritionnels très insuffisants et se manifeste par des signes cutanéo-muqueux (dermite, chéléite, stomatite) et oculaires. Il n’existe pas de mécanisme connu d’hypervitaminose B2.

La vitamine B3 (PP)

Ce n’est pas une vitamine stricto sensu, car elle peut être synthétisée à partir du tryptophane (apporté par le lait et les protéines animales), mais elle est très peu stockée. Elle intervient dans le métabolisme du glucose et la production d’ATP via deux coenzymes (nicotinamide adénine dinucléotide, NAD, et nicotinamide adénine dinucléotide phosphate, NADP), la régulation des taux de lipides, la synthèse de la kératine, de l’hémoglobine, de neurotransmetteurs…

Elle est apportée essentiellement par : la viande, les céréales, le cacao. Sa carence peut être une des causes de pellagre (atteinte cutanée, digestive, voire démence).

La vitamine B5

Elle est impliquée dans le métabolisme glucidique, des acides aminés et des acides gras. L’acide pantothénique est synthétisé par les plantes et les microorganismes.

On la trouve partout dans la nature (notamment viandes, poissons, œufs). Les apports nutritionnels conseillés n’ont pas été établis par manque de données, ils sont calqués sur les apports moyens, aucun cas de surdosage n’ayant été décrit. Les rares cas de carence se manifestent par des désordres neurologiques (sensation de brûlure des extrémités, augmentation des réflexes ostéo-endineux), musculaires (faiblesse musculaire) ou gastro-intestinaux.

La vitamine B6

Elle regroupe plusieurs composés transformés en phosphate de pyridoxal, forme biologiquement active. Cette vitamine est essentielle dans le métabolisme des acides aminés : tous, sauf la lysine, pouvant subir une transamination réversible par une transaminase spécifique utilisant le phosphate de pyridoxal comme cofacteur. Elle intervient dans la synthèse de certains neurotransmetteurs et favorise l’absorption du magnésium.

Dans la nature, cette vitamine est répandue, et certaines bactéries saprophytes du tube digestif peuvent la synthétiser. La carence est donc exceptionnelle. Les besoins nutritionnels semblent dépendre en partie de la teneur en protéines de l’alimentation.

La vitamine B8

La biotine est une coenzyme des carboxylases, qui catabolisent l’incorporation de CO2 dans des substrats. Elle est impliquée dans des réactions enzymatiques du métabolisme des acides gras, sucres et acides aminés.

Elle est présente dans la plupart des aliments, et pour une moindre part liée aux bactéries saprophytes du tube digestif. Il existe un stockage hépatique (15 jours à 3 semaines). La carence est exceptionnelle, mais a été décrite chez des individus consommant de l’oeuf cru en grande quantité, du fait d’une chélation de la B8 par l’avidine de l’œuf. Aucun cas d’hypervitaminose n’est connu.

La vitamine B9

Les formes actives des folates participent au métabolisme des acides aminés et acides nucléiques (croissance, division cellulaire).

Ils se trouvent en quantité importante dans les aliments, essentiellement sous forme de polyglutamates (légumes verts, fruits, fromages, oeufs, graines…), mais sont facilement détruits (lumière, chaleur, oxydation, processus de conservation). La carence est à l’origine d’un ralentissement des mitoses avec : anémie macrocytaire progressive, neutropénie, thrombopénie, leucopénie, diminution de l’immunité cellulaire, atrophie des villosités intestinales, ralentissement de la croissance staturo-pondérale… Cela a été observé chez des nourrissons nourris exclusivement au lait de chèvre, très pauvre en folates. Au-delà de 5 mg/j, des signes de surdosage, essentiellement neurologiques, peuvent apparaître.

La vitamine B12

C’est la 1re vitamine isolée, dans les années 1940 (recherche de la cause de l’anémie pernicieuse). Elle est présente sous 3 formes : hydroxycobalamine (25 % de nos réserves), adénoxycobalamine, forme tissulaire principale (70 % des cobalamines hépatiques) et méthylcobalamine, forme circulante majoritaire. La vitamine B12 est notamment impliquée dans la synthèse de méthionine à partir de l’homocystéine.

La vitamine B12 est présente dans le lait (en particulier les laits infantiles) et l’alimentation d’origine animale : viande, poisson, fromage, œufs. Les carences d’apport sont exceptionnelles en dehors de régimes végétaliens, stricts et prolongés. Les réserves étant de plusieurs années, les signes apparaissent tardivement. Des cas de carence chez des nourrissons allaités par des mères carencées ont été décrits, les signes débutant entre 3 et 6 mois : retard de croissance, hyperpigmentation de la peau ou pâleur, signes digestifs (diarrhée, vomissement) et neurologiques (hypotonie, convulsions, irritabilité, retard psychomoteur)…

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POUR EN SAVOIR PLUS

1. Arrêté du 11 avril 2008 relatif aux préparations pour nourrissons et aux préparations de suite et modifiant l’arrêté du 20 septembre 2000 relatif aux aliments diététiques destinés à des fins médicales spéciales. Version consolidée du 8 mai 2010.
2. Martin A. Apports nutritionnels conseillés pour la population française. Collection TEC & DOC, 3e édition, 2001.
3. Yamada. Textbook of Gastroenterology. Third edition. Lippincott, 1999.
4. Ricour C et al. Traité de nutrition pédiatrique. Edition Maloine, 1993.