Nutriments, Recommandations et réglementations Revue #5

A partir d’une revue de la littérature sur la vitamine D, la carence et ses risques, et la façon de la prévenir, le Comité de Nutrition de la Société Française de Pédiatrie propose des recommandations actualisées sur les doses de supplémentation selon les groupes d’âge.

L’enrichissement du lait infantile en vitamine D a débuté aux USA en 1934 pour prévenir le rachitisme, puis a été appliqué en Europe. La Société Européenne de Gastroentérologie et Nutrition Pédiatriques émet dans les années 1970 des recommandations pour limiter les doses, des concentrations trop élevées (> 4 000 UI/j) ayant provoqué des cas d’hypercalcémie.

En France, une enquête dans les hôpitaux de Lyon et Marseille dans les années 1950 montre une forte prévalence de rachitisme chez les enfants en bas âge hospitalisés (17 et 12 %). Les autorités de santé fixent alors par décret les doses de vitamine D des préparations infantiles, mais les enquêtes de 1988-90 dans 15 départements montrent des taux encore trop faibles de 25(OH)D, marqueur sanguin du statut vitaminique D.

Plus récemment, une enquête menée en 2005 dans 16 CHU indique la quasi-disparition des cas de rachitisme, mais il reste cependant nécessaire de contrôler les apports en vitamine D pour assurer une bonne croissance osseuse (des études suggèrent également un rôle préventif des infections respiratoires et un effet favorable dans le diabète de type I).

Les doses de vitamine D contenues dans les préparations infantiles sont désormais fixées par l’arrêté du 11 avril 2008 :

  • préparations pour nourrissons : 40 à 100 UI pour 100 kcal (soit à 26-65 UI pour 100 ml) ;
  • préparations de suite : 40 à 120 UI pour 100 kcal (soit à 26- 78 UI pour 100 ml).

Il existe un consensus sur les valeurs seuil de 25(OH)D : 30 nmol/l pour un haut risque de rachitisme, et 50 nmol/l pour un risque de minéralisation osseuse insuffisante et de pathologies extra-osseuses. Les apports en vitamine D pour atteindre une valeur > 50 nmol/l sont difficiles à déterminer, une grande partie étant assurée par la photosynthèse cutanée (dépendant de l’exposition solaire, la pigmentation cutanée, la saison, la latitude…). On estime cependant que les apports, photosynthèse comprise, devraient se situer autour de 1 000 UI/jour quel que soit l’âge.

En été et chez un enfant qui marche, la photosynthèse et les apports alimentaires couvrent une bonne partie des besoins ; en hiver les déficits ne sont pas rares. D’où la nécessité d’une supplémentation médicamenteuse ajustée selon les âges et la saison. Selon les résultats des études publiées et en tenant compte de ces facteurs de variabilité, le Comité de Nutrition de la SFP a actualisé les recommandations de supplémentation.

Recommandations pour la supplémentation du Comité de Nutrition de la SFP

  • Chez le nourrisson avec allaitement exclusif : 1 000 à 1 200 UI/jour (le lait maternel n’apporte la quantité nécessaire de vit. D que les 6 premières semaines, à la condition que les stocks de la mère soient suffisants).
  • Chez l’enfant de moins de 18 mois, recevant une préparation enrichie en vitamine D : 600 à 800 UI/jour (250 ml apportent environ 280 UI).
  • Chez l’enfant de moins de 18 mois recevant un lait de vache non enrichi en vitamine D : 1 000 à 1 200 UI/jour (250 ml de lait de vache n’apportent que 32 UI).
  • Chez l’enfant de 18 mois à 5 ans, et l’adolescent de 10 à 18 ans : 2 doses de charge trimestrielles de 80 000 à 100 000 UI, en novembre et février.
  • Chez l’enfant de 1 à 5 ans et l’adolescent à risques particuliers, une supplémentation annuelle peut se justifier (sur 5-10 ans) : forte pigmentation cutanée, pas d’exposition au soleil estival, affection dermatologique empêchant cette exposition, vêtements très couvrants en période estivale, malabsorption digestive, cholestase, insuffisance rénale, syndrome néphrotique, rifampicine ou certains antiépileptiques (phénobarbital et phénytoïne), obésité, régime type végétalien.
RÉFÉRENCE

1. Vidailhet M et al., Comité de Nutrition de la Société Française de Pédiatrie. Vitamin D: still a topical matter in children and adolescents. A position paper by the Committee on Nutrition of the French Society of Paediatrics. Arch Pediatr mars 2012 ; 19 : 316-28.